Les vagues de pertes d'emplois parmi les travailleurs étrangers et la fermeture de frontières entre les deux pays n'ont pas sapé, jusqu'à présent, le flux mensuel estimé à plus de 4 milliards de dollars de transferts de fonds à un moment où l'économie mexicaine a plus que jamais besoin de devises fortes.
Au mois de mars, le Mexique a reçu pas moins de 4.016 millions de dollars en transferts de fonds par ses concitoyens de l'étranger, expatriés pour la plupart chez son voisin du Nord.
"Nous tenons à remercier les migrants mexicains, parce qu'il a été annoncé hier que les envois de fonds ont augmenté en mars, pour atteindre 4 milliards de dollars, un record jamais enregistré depuis 20 ans, une augmentation de 35 % de février à mars", s'est félicité mardi le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador lors de sa conférence de presse quotidienne.
Il s'agit en effet de la hausse la plus importante depuis 1995 et d'une augmentation de 49% par rapport au mois précédent, selon les données communiquées par la Banque centrale mexicaine. La somme moyenne envoyée en a atteint 908 dollars, un record historique.
Selon l'économiste pour l'Amérique latine à Goldman Sachs, Alberto Ramos, il est "difficile de cerner cette accélération significative des envois de fonds en mars compte tenu des conditions du marché du travail et du sentiment aux États-Unis".
Avec les données historiques du mois de mars, le cumul des trois premiers mois de l'année s'élève à 9.293 millions de dollars, un record sans précédent.
L'appréciation du dollar par rapport au peso durant le mois de novembre a pour conséquence que les ressources arrivant au Mexique ont une valeur supérieure une fois converties en monnaie locale, ce qui encourage les migrants mexicains de ce pays [les Etats-Unis] à envoyer des sommes d'argent plus importantes, d'après le centre de recherche de la banque espagnole BBVA.
Les transferts d'argent de l'étranger, principalement des États-Unis, représentent une part importante du secteur informel du pays. Une baisse risque d'entraver les revenus des ménages et de nuire davantage aux perspectives économiques du pays.
Le flux mensuel a surpris les analystes, y compris ceux de la Banque mondiale, qui s'attendaient à ce qu'il baisse depuis mars en prenant en compte le fait que ce mois-ci a vu l'arrêt brutal des activités économiques aux États-Unis, pour limiter le risque de propagation du Covid-19.
Les États-Unis sont le principal pays d'origine des envois de fonds, avec 90 % des transferts effectués par les migrants mexicains.
Au total, le Mexique a reçu quelque 36.048 milliards de dollars de fonds en 2019, soit un accroissement annuel cumulé de 7,04% par rapport au chiffre enregistré en 2018.
Ces envois représentent une source de revenus considérable pour le pays. À titre de comparaison, les revenus perçus en 2019 sur les exportations pétrolières s'élevaient à 12,3 milliards de dollars et ceux sur ses exportations de produits manufacturés à 371 milliards de dollars.
Le net ralentissement de l'économie des Etats-Unis, où en cinq semaines, environ 30 millions de personnes ont perdu leur emploi, devrait-elle se faire sentir dans les mois prochains, sur les ressources des migrants et affecter ainsi leurs transferts au pays?