1-Quelles sont les mesures qui doivent être prises par les autorités compétentes pour assurer un déconfinement réussi ?
Pour lever le confinement de la population, instauré pour lutter contre la propagation de la pandémie du Covid-19, les autorités compétentes sont appelées à prendre plusieurs mesures pour assurer un déconfinement réussi à trois principes :
-Déconfinement progressif par étapes. Par exemple, au niveau économique les industries et certains services peuvent reprendre, à l’exception des cafés et restaurants, en s’assurant des mesures de distanciation sociale. Les entreprises doivent être interpellées à maintenir le télétravail dans la mesure du possible pendant une période bien déterminée.
Le déconfinement peut être aussi progressif en tenant compte des spécificités et du niveau de la propagation du virus au niveau régional (nombre de cas sur une semaine).
-Processus évolutif. C'est-à-dire que les autorités compétente peuvent autoriser certaines activités de rouvrir en fonction du degré de propagation du virus (écoles et universités, salles de sport, mosquées, bibliothèques…).
-Pas définitif. Si les résultats de la propagation ne sont pas au rendez-vous (si le virus reprend de l’ampleur), un retour au confinement reste toujours à l’ordre du jour.
Il est important de souligner que, d’une part, les déplacements des personnes doivent être limités. Ils doivent être justifiés pour des motifs professionnels ou familiaux impérieux et, d’autre part, il est conseillé de porter les masques et rester chez soi en cas de signes de maladie.
Les rassemblements et les manifestations culturelles et scientifiques doivent rester interdits jusqu’à l’éradication totale de la pandémie
2-Quels sont, selon vous, les secteurs qui doivent être prioritaires dans tout processus de déconfinement ?
La propagation du virus au Maroc a eu un impact négatif sur l’économie nationale suite à l’arrêt ou le ralenti de certains secteurs d’activité.
Aujourd’hui, le Maroc a réalisé des résultats remarquables dans la lutte contre la pandémie comparativement à certains pays européens. L’indice sanitaire de la pandémie a montré l’efficacité des mesures prises par les autorités compétentes, mais la vigilance reste de mise.
Une fois le confinement levé, les secteurs jugés prioritaires sont ceux qui ont une dimension sociale, et qui sont financièrement menacés :
- L’industrie peut être autorisée à entreprendre ses activités de production en respectant les consignes de sécurité et les gestes barrières (port de masque, distanciation sociale).
- Les commerces et services peuvent être autorisés à rouvrir à condition du respect du référent Covid (désinfection des locaux, mesures d’hygiène, port du masque), à l’exception des cafés, restaurants, cinémas et les festivals.
- Les écoles et les universités peuvent être autorisées à un retour progressif en respectant la distanciation sociale et les normes d’hygiène imposées.
Les entreprises sont invitées à s’engager à appliquer toutes les mesures sanitaires nécessaires et les normes de sécurité et à éviter tout rassemblement en respectant la distanciation sociale. La réussite du déconfinement sera tributaire de la sensibilisation et de l’adhésion des différentes organisations dans l’application stricte des mesures sanitaire de lutte contre cette pandémie.
3-Quelles sont les leçons qui peuvent être tirées de cette crise sanitaire ?
Au niveau mondial, il s’agit de préserver le multilatéralisme et la solidarité internationale pour lutter contre la propagation de la pandémie (communication, concertation, coopération aux niveaux régional et mondial) et de soutenir la recherche et développement dans les sciences médicales.
Au niveau national, l’accent doit être mis sur la nécessité d’un état providence et d’investissements massifs dans les secteurs jugés prioritaires (école, université, aide aux plus démunis).
Il sera également prioritaire de soutenir la santé humaine par la formation, la recherche scientifique dans les sciences médicales et l’acquisition des équipements des hôpitaux.
Il faudra également renforcer la digitalisation dans les différentes institutions et de promouvoir le e-learning et les classes virtuelles au sein de l’école.
Un modèle de prévoyance solidaire devra être mis en place, tout comme la révision de la stratégie ciblant la diaspora marocaine, dont l’objectif est de relancer l’activité économique du pays après la pandémie.
4-Concernant votre secteur, est-ce que l’enseignement à distance devra être davantage encouragé à l’avenir ?
Cette pandémie a été vraiment favorable à cette nouvelle culture de cours à distance. C’est une occasion de valoriser cette expérience après cette crise et d’opter pour des investissements massifs pour l’acquisition des équipements nécessaires et d’assurer une formation au profit des enseignants.
Les cours à distance constitueront certainement un complément indispensable aux cours dispensés en présentiel et permettront de remédier au problème de sureffectif dans certains établissements universitaires. Le moment est donc venu pour une meilleure adhésion à cette nouvelle stratégie d’enseignement à distance.
5-Qu’est ce qui va (et doit) changer après cette crise sanitaire?
Le Covid-19, c’est d’abord une urgence de santé publique qui peut avoir des conséquences néfastes sur l’économie nationale à court et moyen termes.
Pour apporter des éléments de réponse à cette interrogation, les mesures d’urgence à mettre en place après cette pandémie sont multiples.
Au niveau international, le moment est venu pour repenser la mondialisation. La pandémie actuelle a mis en exergue la fragilité des systèmes économiques et financiers.
Le Maroc est appelé à revoir sa stratégie à l’international. Il sera difficile de préserver les acquis et de conquérir de nouveaux parts de marchés, les principaux partenaires du Maroc (France, Espagne, Italie) étant touchés de plein fouet par cette crise, d’où la nécessité d’opter pour la stratégie de substitution à l’importation.
Au niveau de l’attractivité de notre territoire des investissements internationaux, la diplomatie économique devrait jouer pleinement son rôle en vue de sensibiliser et solliciter la diaspora pour que notre pays puisse bénéficier de leurs investissements et leur savoir-faire pour la relance de notre économie. La bonne gouvernance devrait être de mise après cette crise pour mener les actions de l’État et effectuer les changements qui s’imposent :
- Dans le domaine de la santé, le gouvernement marocain est sollicité à poursuivre le ralentissement de la propagation de la pandémie.
- Dans le domaine économique et social, l’État est interpellé à mettre en place un plan de sauvegarde et de relance de l’activité économique et de l’emploi ‘’État providence’’.