Connus non seulement pour leur sens de l’humour, mais aussi pour leur attachement viscéral à certains rituels spécifiques qu’ils veillent à perpétuer durant ce mois de piété, notamment après la rupture du jeûne, comme les sorties nocturnes, les visites familiales, le partage du ftour avec les voisins ou encore les balades et la fréquentation des principaux espaces de la ville, les habitants de la cité des "sept Saints" ont été contraints, Covid-19 oblige, d’opérer "un changement radical" dans leurs pratiques quotidiennes pour se conformer aux dispositions de l’état d’urgence et aux mesures de confinement.
En effet, les Marrakchis ont l’habitude, en ce mois de bénédictions, d’investir en familles ou entre amis, les espaces verts, les places publiques et les jardins dont regorge la ville, qui constituent, pour eux, de véritables refuges pour passer, dans un cadre chaleureux et convivial, des moments de détente et de partage, loin du stress quotidien.
Mais, cette année, les citoyens de la cité ocre ont dû compter avec cette réalité du confinement et de la distanciation sociale, pour repenser leurs pratiques et accommoder certains de leurs rituels, spirituels en particulier, de façon à se conformer aux mesures barrières instaurées, et à vivre différemment un Ramadan "pas comme les autres" qui restera, certainement, gravé à jamais dans leurs mémoires.
Place donc à la patience et à la sérénité, comme ils en ont fait montre depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, en respectant à la lettre les consignes préconisées par les autorités publiques, notamment en termes de restriction de la circulation sauf dans les cas d’extrême nécessité.
Certes, le Ramadan est un mois de spiritualité par excellence durant lequel les Marrakchis tiennent à accomplir certains rituels, tels que la prière des "Tarawih", ou encore l’organisation de veillées religieuses, comme en témoignait la convergence massive, au cours de ce mois de bienfaits, de milliers de fidèles vers la Mosquée de la Koutoubia, le tout dans une ambiance empreinte de recueillement.
Toutefois, et compte tenu du contexte inédit dans lequel intervient ce mois de pardon et de rétributions, il n'appartient plus aux habitants de la cité ocre, tout comme leurs concitoyens à travers le territoire national, que d’observer ces rituels différemment et d’effectuer leurs prières en famille ou individuellement chez eux.
Approchés par la MAP, des citoyens, venus s’approvisionner dans une grande surface de la place à l'occasion du mois sacré, ont fait part de leur engagement à continuer à respecter les mesures décrétées, aussi draconiennes soient-elles, car, ont-ils expliqué, la sécurité sanitaire des citoyens et l’intérêt général de la Patrie sont systématiquement érigés en priorité lors de pareilles circonstances.
Cela relève du devoir national à accomplir avec abnégation et dévouement, ont-ils soutenu.
Et de poursuivre que dans ce genre de circonstances, les citoyens se trouvent dans l’obligation de faire preuve d'un haut degré de responsabilité aussi bien collective que partagée durant ce mois de quête spirituelle et propice aux échanges et à la solidarité.
"Le Ramadan est un mois si particulier, certes, en termes d’habitudes alimentaires, d’animation spéciale, surtout durant les longues soirées et veillées ramadanesques, mais il nous appartient d’observer différemment ces rituels en attendant la fin de cette crise sanitaire", ont-ils lancé.
Il y aura, à n'en point douter, un "manque très évident" pour les fidèles, notamment en ce qui concerne l'accomplissement de la prière des "Tarawih" dans les mosquées, mais cette situation imposée par un "ennemi invisible" s'avère aussi "un terreau fertile" en ce mois de méditation, de recueillement, de clémence et de lecture du Coran pour la recherche de la proximité de Dieu, ont-ils expliqué.
Tout en regrettant avec amertume ne pas pouvoir "célébrer et vivre le Ramadan comme il se doit" à l'instar des années écoulées, ils ont insisté que l’heure est à la solidarité agissante et à l’engagement ferme et citoyen afin de surmonter le plus tôt possible cette "dure" épreuve.
Et de conclure, sur un ton optimiste, que cette finalité ne peut être atteinte que si "nous continuons d’être civiques et responsables", en faisant preuve de patience et de respect scrupuleux des consignes recommandées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Tel a été le message, on ne peut plus clair, qui se dégageait des déclarations de ces citoyens : l’heure est à la prudence, à la discipline et au respect strict des mesures de confinement, de distanciation sociale et du port de masque de protection pour arriver ensemble à bon port.
Si en cette conjoncture exceptionnelle que traverse le Royaume, les blouses blanches, les autorités locales et les services de sécurité, tous corps confondus, au niveau de la région de Marrakech-Safi, à l’instar des autres régions du Royaume, demeurent aux avant-postes dans cette rude "bataille" face au Covid-19 et bravent, au quotidien, le risque de contamination, alors que les acteurs institutionnels et associatifs ne cessent de faire preuve d’un esprit élevé de solidarité et d’entraide en faveur des démunis, il est du devoir de chaque citoyen épris des valeurs de patriotisme sincère, de continuer à faire montre de patience pour surpasser, tous ensemble, cette conjoncture avec un minimum de pertes.