"Au tout début du confinement qui a été imposé par l'État d'urgence sanitaire à cause de la pandémie du coronavirus, je me suis retrouvée chez moi avec cette marionnette pour lui confectionner des costumes plus adaptés, alors que toutes les autres sont restées en lieu de répétition. "Karim" était l'unique rescapé", explique Dania, dans une déclaration à la MAP.
"La première vidéo était plus une sorte de "bon délire" pour garder le contact avec mes proches, mes collaborateurs et mes élèves, et aussi pour partager une bonne énergie en ces temps difficiles, surtout pour les tous petits", dit-elle.
Selon l'artiste, fondatrice du groupe les Katakit's qui explore diverses thématiques touchant l'enfant à travers l'écriture et la présentation de spectacles de marionnettes dans les écoles et espaces culturels, une marionnette des Katakit's qui communique par le biais des réseaux sociaux ou comme les appelle Karim, les "zorros sociaux", constitue une première.
L'art de la marionnette, comme toutes les autres disciplines artistiques, a une place importante dans le développement de l'imaginaire de l'enfant. Ces marionnettes symbolisent non seulement des figures protectrices et rassurantes pour l'enfant, mais également des figures d'identification. En effet, à travers des personnages, le tout-petit peut revivre des situations en se substituant à eux et s'en servir pour exprimer ses propres émotions.
Karim représente donc tous ces enfants confinés qui se sont retrouvés dans une incompréhension totale face à la situation actuelle, leur permettant ainsi de s'identifier à lui au fil des épisodes.
"Au fil du confinement que l'on vit tous, des idées ont émergé et des messages se sont manifestés de façon naturelle, comme avec chaque enfant vivant la même situation partout dans le monde", affirme Dania.
"L'idée est de véhiculer plusieurs messages pour l'enfant à travers Karim sans que ça ne soit pour autant moralisateur, sous forme de petits rappels émis avec humour tels que l'importance de se laver les mains plusieurs fois dans la journée, rester chez soi, faire des activités à la maison, mieux gérer ses devoirs, pratiquer des activités sportives et bien d'autres choses tout aussi positives", précise la comédienne.
Certains thèmes lui ont même été proposés par des parents, des amis ou encore des élèves. "J'ai pu ainsi explorer plusieurs thématiques avec Karim et des mises en scène me sont venues naturellement", souligne-t-elle.
Ce qui est d'autant plus intéressant dans cette expérience c'est que les enfants interagissent de manière régulière avec Karim, allant même jusqu'à donner des réponses à l'exercice de mathématiques de Karim. "Des parents m'ont également confié que leurs enfants ont, à leur tour, mis en scène des personnages chez eux, avec leurs peluches ou leurs poupées", confie avec émotion Dania.
"Les enfants se sentent pris en otage par cette folie ambiante qui les perturbe ces dernières semaines. Mon objectif avec Karim est de les calmer, les amuser, leur parler tout en se mettant dans la peau d'un enfant, afin qu'ils puissent se reconnaître davantage", relève-t-elle.
Pour Dania, encourager l'enfant à créer est l'objectif des Katakit's en général et ça l'est encore plus en cette dure période. "Je pense de façon générale, qu'il est utile de continuer à créer. L'art est un moteur essentiel pour résister à la peur et au stress ambiant", estime-t-elle.
En effet, "l'art a la capacité d'unir et de tisser des liens en temps de crise. Rapprocher, inspirer, apaiser, partager: autant de pouvoirs de l'art dont l'importance se révèle encore plus criante en ces temps de pandémie de Covid-19", comme l'a si bien rappelé la directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, dans un message à l'occasion de la journée mondiale de l'art célébrée le 15 avril dernier.
"On a également noté l'émergence d'une grande créativité en cette période et c'est magnifique!", ajoute avec fierté Dania, qui affirme que toutes les personnes ont besoin de prendre du recul pour regarder au-delà et ouvrir leurs horizons.
"Ces vidéos sont certes des vidéos de sensibilisation, mais également quelques minutes qui permettent de continuer à faire sourire petits et grands pour le bien-être de tous, tout en invitant les enfants à créer à leur tour", rappelle Dania.