L'émergence de foyers épidémiques récemment dans certains milieux professionnels dans plusieurs villes marocaines suscite des interrogations quant à la manière de prévenir une résurgence de cas du coronavirus qui ne tolère aucune négligence ou un relâchement en matière de mise en œuvre des consignes sanitaires nécessaires pour se protéger de l'infection.
Le ministère de la Santé avait annoncé l'apparition de foyers d'infection dans des unités industrielles et professionnelles à Casablanca, Tanger, Larache et Ouarzazate, ce qui a provoqué une nette augmentation de nouvelles contaminations Covid-19.
A cet égard, le docteur Ahmed Sabiri, chef de Service de la santé des travailleurs à la Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé a indiqué que la santé des employés, selon les exigences du Code du travail, est du ressort de l'employeur qui est responsable de prendre toutes les mesures pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs, en particulier les bonnes pratiques en matière d'hygiène du travail, et de faciliter l'application des mesures recommandées par les autorités sanitaires pour réduire la propagation de l'infection.
Il a souligné dans une déclaration à la MAP que ces mesures doivent être supervisées par le médecin du travail au sein de l’entreprise ou la commission de la sécurité et de la santé, et en l'absence de ces entités, l’employeur désigne une équipe pour entreprendre cette tâche et assurer le strict respect des décisions des autorités gouvernementales à cet égard.
Pour ce qui est de la préparation de l’entreprise pour faire face à une transmission communautaire, le responsable a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un plan proactif pour gérer un éventuel cas suspect de Covid-19 dans l'espace de travail (isolement du patient du reste des employés, contacter les autorités sanitaires locales ...), et encourager le télétravail tout en maintenant le nombre minimum des travailleurs pour assurer la continuité de l’entreprise et préserver la santé des employés, ainsi que la préparation d’un plan d'urgence avec l'aide des autorités sanitaires publiques locales ou nationales, afin de renforcer la préparation pour faire face à la propagation potentielle du virus et garantir la continuité de l’activité économique.
Concernant les mesures prises par le ministère du Travail et de l'Insertion professionnelle pour limiter la propagation du coronavirus dans les milieux professionnels, la directrice du travail au ministère, Mme Salima Admi a souligné, dans une déclaration similaire, que ces mesures ont été adaptées à la situation épidémiologique en amont et ce à travers la sensibilisation aux dangers du virus dès son apparition, l’accompagnement des entreprises pour garantir les droits des salariés à la lumière des retombées économiques et sociales dues à la réduction de l’activité des employeurs, ainsi que la mise en place d’un guide qui comporte 21 recommandations préventives à appliquer dans les lieux de travail pour contrer la propagation de la pandémie.
La responsable a fait remarquer qu’après les développements de la situation épidémiologique, une commission conjointe avec le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique a été mise sur pied pour s’assurer du respect des mesures préventives par les entreprises en activité, ajoutant qu’avec la hausse du nombre des infections, le ministère a opté pour des commissions mixtes qui comprennent également les ministère de la Santé et de l’Intérieur, après la décision de ce dernier à cet égard.
Selon Mme Admi, ces commissions, depuis leur mise en place récemment, "entreprennent des efforts considérables compte tenu du grand nombre d’entreprises contrôlées quotidiennement", relevant qu’en cas de non-respect des mesures de prévention, le responsable de l’entreprise dispose de 48h pour se conformer aux consignes sanitaires, et le cas contraire, les autorités locales peuvent procéder à la fermeture de l’entreprise.
A propos de la politique nationale de santé et de sécurité au travail, compte tenu de son rôle dans l'amélioration de la capacité du Maroc à protéger la santé des travailleurs, en particulier en période d'épidémie, Mme Salima Admi a expliqué qu'après la ratification par le Maroc de la convention 187 de l'Organisation internationale du Travail concernant le cadre promotionnel de la santé et de la sécurité au travail, l’action dans le cadre du Conseil de médecine du travail et de prévention des risques professionnels (un conseil tripartite composé de 12 départements ministériels, 12 représentants d'organisations professionnelles et de 12 représentants des syndicats les plus représentatifs) a commencé par préparer le profil national de la santé et de la sécurité au travail, qui est un diagnostic complet du système national de la santé et de la sécurité, du cadre législatif, réglementaire et normatif ,qui instaure les objectifs de la politique nationale dans le domaine de la santé et la sécurité professionnelles.
Elle a fait remarquer que le profil national a été adopté par la commission issue de la 6e session du Conseil de médecine du travail et de prévention des risques professionnels et a été officiellement présenté à l'Organisation internationale du Travail.
Sur la base de ce document, le ministère a mis en place les projets de la politique et du programme nationaux de la santé et de la sécurité professionnelles avec le soutien d’experts de l’Union européenne et en collaboration avec les différents acteurs et intervenants concernés, qui seront soumis à l’approbation du Conseil de gouvernement, a-t-elle indiqué.