"L’ampleur sans précédent de cette crise (sanitaire) nous interpelle effectivement pour réfléchir à renforcer davantage l'orientation sociale du gouvernement”, a relevé M. El Otmani dans une interview parue dans l'édition quotidienne de “Maroc Hebdo”, faisant savoir que plusieurs propositions sont en cours d’étude dans ce sens, et “nous déciderons au moment opportun des améliorations idoines”.
Il a toutefois fait remarquer que le programme gouvernemental a une orientation sociale “très forte”, citant à ce propos quelques réalisations comme l’accord social avec les syndicats au mois d’avril 2019 et l’augmentation significative des budgets de plusieurs secteurs et filets sociaux: le programme Tayssir, les bourses aux étudiants, le transport et cantines scolaires.
M. El Otmani a en outre rappelé que le gouvernement a lancé deux assises de la protection sociale, ayant abouti à une politique nationale intégrée de la protection sociale avec un programme de ciblage en cours de réalisation basé sur l’identifiant social et le registre social unique, notant que cette crise a démontré la pertinence de l’orientation sociale du gouvernement, confirmée par les actions prises sur le terrain pour soutenir aussi bien les salariés ayant perdu provisoirement leur emploi et déclarés à la CNSS, que les ramedistes ou non.
Répondant à une question sur les répercussions de la crise du Covid-19 sur l’économie nationale, M. El Otmani a indiqué que l’année 2020 dont le 1er trimestre s’est terminé plutôt sur une note positive, sera difficile, non seulement pour l’économie marocaine, mais aussi pour l’ensemble des pays du globe, y compris les plus grandes puissances mondiales.
Le Maroc n’est pas à l’abri de ce qui se passe dans son entourage international et régional, et clairement la pandémie est en train d’impacter l’économie nationale, notamment du fait que cette dernière est intégrée dans l’économie mondiale et les chaînes de valeur transnationales, a-t-il expliqué, ajoutant que cette pandémie n’a pas que des effets négatifs sur le plan économique, mais d’abord sur les plans humain et social.
A propos de la “réponse” adoptée par le Royaume face à cette situation exceptionnelle, le chef du gouvernement a souligné que le choix du Maroc, dès le début de la crise, a été porté, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, sur la préservation des vies humaines, indépendamment de toute autre considération, en prenant très tôt des mesures préventives strictes, allant de l’arrêt total de tout transport de voyageurs vers et depuis le pays jusqu’au confinement strict des citoyens en passant par la fermeture des écoles et universités, des cafés et restaurants, et, provisoirement, des mosquées.
"C'est vrai que cela coûte très cher pour notre économie mais c’est le prix à payer pour éviter de lourdes pertes sur les plans humain et sanitaire”, a-t-il dit.
Dans ce contexte, M. El Otmani a tenu à citer trois points forts en relation avec la minimisation des impacts de cette crise, à savoir les décisions clairvoyantes de SM le Roi, le grand élan de solidarité national des concitoyens et la forte mobilisation collective du gouvernement et de toutes les institutions et forces vives de la Nation.
Interrogé sur les priorités d’une loi de finances rectificative qui est en cours de discussion, il a précisé que cette loi nécessite d’abord une meilleure appréciation des paramètres macro-économiques, afin de la construire sur des hypothèses sérieuses et plausibles, notant toutefois que ces paramètres sont actuellement en changement continu, et nécessitent d’être mieux cernés et affinés.
“Nous suivons de près la situation économique, et, pour l’heure, nous avons donné nos instructions, par le biais d’une circulaire, aux administrations et aux établissements publics pour rationaliser les dépenses et orienter les ressources disponibles vers les priorités qu'exige la nécessité de faire face à la crise sanitaire et à ses impacts économiques et sociaux; et ceci jusqu’à la fin du mois de juin prochain”, a-t-il poursuivi.
Et M. El Otmani de relever que les mois à venir nous permettront de nous prononcer sur une éventuelle loi de finances rectificative.
En réponse à une question sur les "limites" du secteur de la santé, notamment en termes de ressources humaines et en matériels, il a indiqué que l’accent a été mis sur la mise à niveau du secteur de la santé dès le début du mandat du gouvernement, précisant que depuis l’année 2018, l’effectif des nouvelles recrues affectées au système de santé chaque année a doublé et le budget alloué à la santé a progressé sur les deux dernières années de près du quart.
“Cela constitue une preuve tangible de l’effort considérable consenti par ce gouvernement en faveur du secteur de la santé, même si nous sommes conscients qu’il reste encore du chemin à parcourir en termes de moyens humains et matériels, et surtout de bonne gouvernance, pour avoir un système de santé au diapason et au niveau des aspirations légitimes de tous les Marocains à travers toutes les régions du Royaume”, a-t-il ajouté.
Il a en outre lancé que, “grâce aux mesures préventives et anticipées (...), la situation est maîtrisée au niveau de nos hôpitaux”, remerciant SM le Roi "qui a donné Ses ordres pour que la médecine militaire, avec ses moyens et son personnel, apporte son appui et vienne en renfort de notre système de santé civil".
De même et sur le plan sanitaire, a relevé M. El Otmani, le ministère de la Santé a pris des mesures vigoureuses dès le début de la crise, mettant en place les protocoles à suivre pour tous les cas de figure en liaison avec un malade Covid-19.
Il a également affirmé que la situation sanitaire au Maroc est maîtrisée, et que le système de santé national est bien outillé et doté en ressources pour affronter cette crise sanitaire, notant qu’actuellement seulement 14% des capacités de réanimation dédiées au Covid-19 sont utilisés.
Interrogé sur les mesures que prévoit le gouvernement vis-à-vis du secteur informel qui a été propulsé au devant de la scène à l’occasion de cette crise, M. El Otmani a fait observer que le gouvernement a décidé, depuis le début de la crise, d’apporter autant que possible, une aide financière directe aux ménages opérant dans ce secteur.
Après la crise, il faudrait que les personnes évoluant dans le secteur informel soient accompagnées pour intégrer le secteur formel, se conformer aux dispositions réglementaires, et bénéficier de l’équité fiscale et sociale, a-t-il relevé, soulignant que par leur intégration au secteur formel, cette frange de la population deviendra visible et contribuera à l’économie du pays dans le cadre d'un Maroc solidaire, juste et équitable, capable de soutenir ses citoyens en toutes circonstances.
Concernant les entreprises menacées de faillite, le chef du gouvernement a fait observer qu’on assiste désormais à des changements de paradigme à plusieurs niveaux et “nous devons en être conscients pour mieux préparer l’avenir”, indiquant que ce qui se passe aujourd’hui entraînera non seulement l’émergence d’un nouveau modèle de développement mais également de nouveaux modes de travail, de production et de consommation.
“Certes, on va assister à des déclins inévitables pour certains +postes+, voire des métiers, dans certains secteurs, mais d’autres sont en train d’émerger fortement”, a-t-il dit, estimant qu’il y a là un effort d’adaptation à opérer, et très rapidement, de la part de l’administration, et des entrepreneurs et opérateurs économiques.
Sur ce point, il a fait remarquer que les Marocains ont démontré ce fort potentiel d’adaptation qui en a surpris plus d’un, même au niveau international, lorsque des industries marocaines se sont transformées rapidement pour produire des masques ou des respirateurs artificiels, combien nécessaires et utiles.
Et d’insister que le gouvernement, de son côté, ne ménagera aucun effort pour appuyer et soutenir ces transformations, comme ce fut le cas avec le programme Imtiaz technologies, qui appuie les TPME investissant dans la fabrication de produits et permettant de faire face à la pandémie Covid-19.
A une question sur une réunion qu’il a tenue récemment avec les partis de la majorité, M. El Otmani a expliqué que l’ampleur et l’étendue de la crise actuelle nécessite la mobilisation de toutes les forces vives de la nation.
Le moment est à l’union et à la solidarité, toutes tendances politiques confondues, a-t-il dit, ajoutant que dans de telles circonstances, la cohésion, l’écoute et l’inclusion ne sont pas uniquement salvateurs, mais relèvent aussi du devoir citoyen.