Les mosquées, tout comme les lieux de culte des autres religions monothéistes, ont dû fermer leurs portes et suspendre toutes leurs activités dans le cadre du confinement obligatoire et préventif instauré le 25 mars par le gouvernement colombien pour endiguer la propagation de la pandémie du coronavirus dans le pays sud-américain.
Contrairement aux années précédentes, les membres de la communauté musulmane seront privés cette année de l’ambiance ramadanesque qui régnait dans les mosquées du pays favorisant la consolidation des liens de fraternité et de communion entre les fidèles.
Dans ce pays d’Amérique du sud, les mosquées constituent le seul espace de rencontre et de retrouvaille pour la petite communauté musulmane, composée principalement de ressortissants issus des pays du Machrek, pour partager des moments uniques de joie et de recueillement lors du mois sacré.
Le sentiment de solitude de la diaspora musulmane sera ainsi exaspéré par les mesures de confinement pendant le mois de ramadan.
Outre le dépaysement et l’éloignement de leurs pays d’origine, les membres de la communauté musulmane sont tenus de rester confinés chez eux. Une situation qui sera durement vécue, selon des fidèles approchés par la MAP.
A Bogotá, la mosquée Abou Bakr Seddik, construite en 2013 grâce à des dons de la communauté musulmane d’origine libanaise, syrienne et palestinienne, constitue non seulement un haut lieu de culte et de spiritualité pour accomplir les prières et se rapprocher de Dieu, mais remplit aussi un rôle social permettant aux fidèles de promouvoir les liens de fraternité et d’entraide et de renouveler leur attachement aux nobles valeurs de l’Islam.
"Cela nous attriste de ne pas pouvoir accomplir les prières des tarawih en mosquée et de partager les repas d’iftar collectifs dans une ambiance de joie et de bonhomie comme ce fut le cas lors des années précédentes", se désole Jamal Eddine Sabahi, un yéménite établi en Colombie depuis 12 ans.
"L’ambiance du ramadan va nous manquer, mais on n’a pas le choix, il faut se conformer aux instructions des autorités face à cette pandémie", enchaîne-t-il.
Toutefois, les fidèles essaient de s’adapter à cette nouvelle conjoncture à travers le recours aux nouvelles technologies de l’information pour maintenir vivaces les liens de fraternité et de solidarité entre eux.
Face à l’impossibilité pour les fidèles de se rassembler à la mosquée afin d’y d’accomplir les prières obligatoires et les tarawih, l’Association de bienfaisance islamique, qui gère la mosquée de Bogotá, a décidé d’investir les différentes plateformes des réseaux sociaux pour encadrer et accompagner les membres de la communauté musulmane en ce mois béni.
"En dépit de cette conjoncture difficile, on a établi un riche programme virtuel en vue de répondre aux interrogations des fidèles et les éclairer sur les questions relatives à cet important rite de l’Islam", a déclaré à la MAP Ahmad Tayel, président de l’Association.
Outre les appels à la prière (adhan) qui seront régulièrement lancés sur les réseaux sociaux, des causeries religieuses, présentées par l’imam de la mosquée, ainsi que des cours sur les techniques de récitation et de plasmodie du saint Coran seront également diffusés en ligne, a précisé ce traducteur d’origine syrienne établi en Colombie depuis plus de vingt-ans.
Ce mois béni constitue aussi une opportunité pour les membres de la communauté musulmane de participer à l’élan de solidarité que connaît le pays en ces temps de coronavirus pour venir en aide aux ménages colombiens les plus vulnérables, a-t-il ajouté.
"C’est aussi une occasion pour implorer le Tout-puissant de débarrasser le plus tôt possible l’humanité de cette pandémie", a dit le président de l’Association de bienfaisance islamique de Bogotá.