Il y a juste quelques mois, la population finlandaise, y compris musulmane, ne s'attendait certainement pas à un arrêt complet de nombreuses activités socio-économiques en raison d'un virus sournois.
Pour contenir sa propagation, le gouvernement a décrété un état d'urgence sanitaire en imposant bon nombre de mesures restrictives, bien qu'il n'ait pas osé une fermeture complète, comme l'ont fait de nombreux autres pays.
Peut-être que la pandémie du nouveau coronavirus, compte tenu de son caractère imprévisible, n'est qu'un épisode dans une série d'événements que la Finlande a connus récemment. A commencer par un changement climatique qui ne s'est pas autant manifesté depuis plus d'un siècle : chaleur inhabituelle en hiver et quasi-absence de la pluie et de la neige dans ces contrées riveraines de l'Arctique.
La scène politique, elle, a assisté l'année dernière à la succession de trois gouvernements coïncidant avec la présidence de la Finlande du Conseil de l'Union européenne, qui s'est clôturée par l'élection de Sanna Marin (34 ans) en tant que Première ministre, devenant ainsi la plus jeune dirigeante au monde.
Cependant, l'épidémie du nouveau coronavirus dans le pays demeure le fait le plus saillant, dont les conséquences ont rejailli sur la vie quotidienne de la population, y compris les communautés musulmanes qui entament le jeûne dans un climat sans précédent.
La prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 13 mai avec, entre autres, l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, signifie aussi la fermeture des mosquées du pays et la suspension de la prière du vendredi, des Tarawihs et des Iftars collectifs… Autant de rituels habituels qui ont toujours rythmé le Ramadan au cours des années précédentes.
D'après Anas Hajjar, imam à la congrégation islamique de Finlande, les mosquées sont pour la majorité fermées dans le sillage des restrictions imposées par les autorités et la prière n'est organisée que dans quelques mosquées avec un petit nombre restreints de fidèles ne dépassant pas sept personnes.
Les prières des Tarawih n'auront pas lieu pour la même raison, tout comme l'Iftar collectif et les invitations à rompre le jeûne, a déclaré à la MAP cet imam, également président du Conseil islamique finlandais, notant que les prières en privé et la rupture du jeûne en famille sont les faits marquants de cette année.
Si l'interdiction se poursuit, la prière de l'Aid n'aura pas lieu non plus, a-t-il ajouté, soutenant que des directives ont été adressées aux mosquées de la capitale quant à la nécessité de respecter les recommandations des responsables de la santé publique.
Pour le journaliste Younes Ijiri, "les Marocains de Finlande ont toujours accueilli le mois béni de Ramadan avec beaucoup d'enthousiasme et de joie malgré les conditions difficiles, particulièrement au nord du pays où la période de jeûne va jusqu'à environ 21 heures, en plus de la nécessité de se lever tôt surtout pour les travailleurs du secteur du transport et de la construction".
Et il y a de quoi. Le mois de Ramadan cette année débute avec un goût différent par rapport à ce à quoi les musulmans se sont habitués au cours des dernières années en raison de la crise du covid-19, a souligné ce Marocain installé dans le pays nordique depuis plus de deux décennies.
Selon lui, bien que les rituels se limitent à la dévotion individuelle en privé, les Marocains de Finlande s’ingénient à imprimer une touche de spiritualité au mois béni, en créant une atmosphère appropriée chez eux afin de consacrer l'esprit symbolique de ce mois en particulier auprès des enfants.
Malgré l'amertume des circonstances actuelles perturbant l'esprit de joie et de communion qui règne habituellement pendant le Ramadan, les musulmanes trouvent refuge dans les réseaux sociaux pour atténuer l'impact des restrictions imposées par le virus Covid-19, dans l'espoir de voir le nuage pandémique disparaitre et la vie reprendre son cours normal.