C'est avec une grande amertume, mais résignés à la volonté divine, que les musulmans ont renoncé à l'accomplissement de cet acte majeur de la religion, partant du principe que la préservation de la vie humaine prime sur toute autre chose, comme le recommande la foi pure.
Cette année, après la rupture du jeûne, on ne va pas voir hommes, femmes et enfants converger vers les Maisons de Dieu, munis de leurs tapis et de leurs bouteilles d'eau pour se désaltérer entre les longues fractions (Racket) des Tarawihs.
Pour tout musulman, il est triste de voir ainsi les mosquées vides, mais la Sunna du Prophète Sidna Mohammed a indiqué la voie à suivre face à une telle situation et les moyens à déployer pour protéger sa vie et celle d'autrui.
Le Messager, de par sa grande sagesse et sa profonde lucidité, a jeté les bases du concept de mise en quarantaine. Il est dit dans le Hadith: "Si vous apprenez la propagation de la peste dans une région, ne vous y rendez pas; et si vous vous trouvez dans une région frappée par la peste, ne la quittez pas".
La finalité de cet enseignement est de briser la chaîne de transmission du virus, en définissant une ligne de démarcation bien claire entre les personnes saines et les personnes atteintes. C'est ce qu'on appelle communément l'isolement sanitaire. Aussi, la notion de distanciation sociale participe du même paradigme, celui d'enrayer la diffusion de la maladie.
Les données empiriques et les vérités scientifiques ont démontré le degré très élevé de contagiosité du nouveau coronavirus, dont la rapide expansion rend tout rassemblement humain hautement risqué. Il suffit de la présence d'une personne contaminée dans un espace confiné pour mettre en péril les autres et transformer ce lieu en cluster.
L'évolution dramatique de la pandémie, un moment méconnue des spécialistes, a poussé plusieurs pays islamiques, la mort dans l'âme, à suspendre provisoirement les prières collectives, quand bien même ils sont conscients de la place spirituelle et cultuelle de cette pratique pour les fidèles, particulièrement durant le mois sacré du Ramadan.
Le Calife Omar Ibn Al Khattab a été parmi les premiers à mettre en exécution les enseignements du Prophète. En arrivant aux portes du Cham (Syrie), il a appris que le pays est ravagé par le fléau de la peste. Après moult consultations, il a décidé de rebrousser chemin, essuyant même les critiques du compagnon Abou Obeida Ibn Al Jarrah, qui lui reprochait de fuir son destin.
Mais, la réplique du Calife fut imparable: "Oui, je fuis le destin d'Allah vers le destin d’Allah". En grand commandeur des musulmans, dont il assume la responsabilité, Omar Ibn Al Khattab n'a pas voulu exposer sa vie ni celle de ses compagnons au danger, appliquant à la lettre les recommandations du Prophète relatives l'attitude appropriée à adopter en cas d’épidémie.
Suivant les traces des pieux prédécesseurs, le Maroc, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a choisi la protection de la santé de ses citoyens, comme il l'a toujours fait depuis l'apparition de la pandémie du nouveau coronavirus.
En conséquent, le Conseil supérieur des oulémas vient de statuer que l'accomplissement des Tarawih dans les mosquées peut être remplacé par la prière chez soi, individuellement ou collectivement avec les membres de la famille, dans l'attente de la réouverture des lieux de culte quand les conditions sanitaires seront réunies.
Toutes les mesures prises par les autorités et tous les sacrifices consentis tournaient autour d’une seule priorité et d’une seule considération: la préservation du citoyen et de la vie humain. Un orientation qui a fédéré autour d'elle les forces vives du pays et cimenté l'union nationale.