Dans cette perspective, le président Emmanuel Macron et les membres de son gouvernement, à leur tête le Premier ministre Edouard Philippe, multiplient les réunions avec les experts du conseil scientifique Covid-19, les partis politiques, les élus et les professionnels des différents secteurs économiques en vue de se concerter sur la meilleure sortie possible à la crise sanitaire et économique liée au nouveau coronavirus.
Le but étant de dessiner les contours d'un déconfinement progressif tout en évitant une levée hâtive des restrictions pour les déplacements qui pourrait occasionner une nouvelle vague de contaminations dont les conséquences seraient désastreuses pour l'économie déjà fragilisée, et sur le moral des Français, contraints de rester chez eux depuis le 17 mars.
L'exécutif craint surtout les effets d'une levée précipitée du confinement sans mesures élargies de tests massifs des populations qui serait inefficace et qui pourrait provoquer une seconde vague de contaminations. Il tient en compte en cela des avertissements de nombreux experts et institutions dont l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Alors que l’épidémie continue de faire des ravages avec un solde de 21.856 décès depuis le 1er mars selon le dernier bilan des autorités sanitaires, l'Institut Pasteur a estimé que seuls 6% des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai, un niveau "très insuffisant" pour éviter une deuxième vague épidémique si toutes les mesures du confinement étaient intégralement levées après cette date.
Dans ce contexte très particulier et inédit en France, les ministres concernés devaient présenter mercredi une première ébauche de leurs plans sectoriels, qui seront intégrés d'ici la fin du mois dans un projet global pour déconfiner le pays.
Mais dans tous les cas et quel que soit le scénario envisagé, le gouvernement aura "besoin de temps" pour bien ficeler son projet de déconfinement, comme l'a souligné récemment sa porte-parole, alors que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a été plus précis en annonçant jeudi que la stratégie pour un déconfinement progressif devrait être fin prête et présentée aux Français par le premier ministre dans deux semaines.
Le même jour, l’Elysée a levé le voile sur un pan de sa stratégie en faisant savoir que le déconfinement ne devrait pas être régionalisé, mais avec une différenciation à l’intérieur des régions qui permettrait d'adapter les mesures en fonction des spécificités locales.
Concernant la réouverture des écoles, un point brûlant qui fait polémique et face aux craintes exprimées par parents, corps enseignant, syndicats et opposition, qui jugent prématuré un retour en classe le 11 mai, l'Elysée a annoncé que la reprise des cours dans les écoles se ferait sans obligation et sur la base du principe du volontariat.
Il s'agit d'une reprise qui tiendra compte de "trois grands principes", à savoir; un retour à l'école progressif, concerté, adapté aux réalités, avec une priorité donnée aux "plus jeunes" et aux "enfants les plus en difficulté", a expliqué l'Elysée.
Le gouvernement entend aussi faire recours aux nouvelles technologies à travers le traçage numérique qui sera soumis au vote à l'Assemblée nationale à l'issue d'un débat prévu le 28 avril.
Le traçage doit être utilisé pour l'application StopCovid dans le cadre du déconfinement pour permettre d'"identifier les chaînes de transmission" sur "la base du volontariat" et ainsi retracer grâce à la technologie bluetooth les déplacements des personnes malades du Covid-19, explique l'exécutif, alors que l'application suscite les réserves de plusieurs secteurs politiques concernant notamment le droit à la vie privée et les libertés individuelles.
Pour les transports, l’exécutif examine la possibilité d'une offre limitée de métros, de trains et d'avions, avant de faire progressivement repartir le trafic. Il compte aussi maintenir une limitation des déplacements entre les régions à l'intérieur de la France pendant la première phase du déconfinement, tout en continuant à encourager le télétravail afin de réduire au maximum les déplacements.
Côté économie, le gouvernement, par la voix du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, souhaite la réouverture de tous les commerces dès le 11 mai sans différenciation, à l'exception du secteur de la restauration, l'un des plus touchés par la crise, et qui sera un des derniers à rouvrir sans qu'une date précise ne soit encore confirmée, alors que dans l'industrie, plusieurs entreprises ont repris graduellement leurs activités, dans la perspective de la relance d'une économie presque à l'arrêt depuis le 17 mars.