1- Comment évaluez-vous l'impact de la pandémie de covid-19 sur l'Afrique ?
Plus que jamais, l'Afrique fait face à une crise de première ampleur. Ses impacts sont multiples. Nos prévisions indiquent une baisse du produit intérieur brut (PIB) continental de 22,1 milliards de dollars (Md$), selon un scénario de référence, ou de 88,3 Md$ dans le scénario le plus pessimiste.
Les pays africains verront ainsi leurs marges de manœuvre budgétaire davantage se réduire avec des déficits budgétaires qui devraient augmenter de 3,5 à 4,9 points de pourcentage. Ces évolutions affecteront la capacité des États du continent à lutter efficacement contre cette pandémie.
2- Face à cette situation, quelle a été la réponse de la BAD ?
C'est une crise inédite qui appelle une réponse à la hauteur des enjeux. Une réponse que nous avons articulée en trois phases dans un laps de temps de deux semaines.
Dans un premier temps, la Banque a émis, le 27 mars dernier, l'emprunt obligataire social "Combattre le Covid-19" d'un montant record de 3 Md$. Il s'agit du plus grand emprunt social émis sur le marché international des capitaux.
Le mercredi 1er avril, la BAD a approuvé une aide d'urgence covid-19 pour soutenir les interventions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique. Cette dernière permettra de consolider les capacités de prévention, de test et de traitement dans 41 pays africains. Elle renforcera également les systèmes de surveillance, contribuera à assurer l'approvisionnement et la distribution des tests et réactifs de laboratoire et soutiendra les mécanismes de coordination nationaux et régionaux.
La troisième phase de notre réponse a été mise en œuvre le 8 avril. La Banque a créé un fonds de 10 Md$ pour accompagner les gouvernements et les acteurs du secteur privé africains dans la lutte contre la propagation du covid-19 sur le continent. En effet, 5,5 Md$ seront destinés aux projets souverains dans les pays à revenu intermédiaire, 3,1 Md$ financeront les opérations souveraines et régionales destinées à soutenir les pays fragiles et 1,35 Md$ supplémentaire bénéficiera au secteur privé.
3- Comment se décline la réponse de la Banque africaine de développement au Maroc ?
Malgré l'annulation des réunions, des missions et des évènements, nos équipes au Maroc sont totalement mobilisées. Aux côtés des autorités publiques, nos services restent pleinement opérationnels pour aider à contenir la propagation du virus et à en atténuer les répercussions économiques et sociales.
En ces temps difficiles, je peux vous dire que l'excellence de notre partenariat avec le Royaume est un véritable actif pour préserver les conditions d'une croissance durable et inclusive. Nous le ferons en redonnant des marges de manœuvre budgétaire au pays, en soutenant les très petites et moyennes entreprises et en appuyant les populations les plus fragiles. Dans cette optique, des opérations d'urgence seront prochainement déployées dans les domaines de la santé, de l'entreprenariat et de l'inclusion financière. Des domaines d'intervention tout à fait déterminants pour réussir une sortie de crise.
Je souhaite enfin rappeler que le Maroc figure parmi les membres fondateurs de la BAD. Depuis plus d'un demi-siècle, il est un des principaux pays bénéficiaires de l'institution avec un engagement cumulé de plus de 10 Md$, notamment dans les secteurs du développement humain et social, de l'énergie, de l'eau, des transports et de l'agriculture.
Mon message de conclusion est clair : restez à la maison ! Protégez-vous !