Ce cri d’alarme résonne encore plus fort sur les sites sociaux car faisant l’écho de la situation de millions de pauvres dans cette Afrique du Sud engloutie par une profonde crise économique aggravée la pandémie mortelle du Covid-19.
« J’ai deux enfants handicapés. Nous n’avons reçu aucune aide », indique cette sexagénaire, dont le seul revenu était une poignée de rands que sa fille gagnait de son travail comme aide domestique. Avec le confinement, ce maigre revenu a disparu, laissant cette famille en proie à la famine.
La situation est au bord de l’implosion dans ce pays où la pauvreté devra s’aggraver sachant qu’elle touchait plus de 50 pc de la population (58 millions d’âmes) avant l’arrivée du Coronavirus.
Rattrapés par le désespoir face à une situation qui n’est qu’à son début, les habitants des townships, au Cap occidental comme au Kwazulu Natal ou ailleurs, se sont attaqués à des centres commerciaux, pillant les produits alimentaires nécessaires à leur survie en ces temps de dureté rarissime.
Les camions de transport n’ont pas échappé à ces actes. Les scènes de camions bloqués et pillés sur les autoroutes sont devenues habituelles, aggravant les craintes d’une dégradation de la situation sécuritaire déjà fragile.
Les Sud-Africains ont suivi avec intérêt le discours prononcé mardi par le président Cyril Ramaphosa dans lequel il a annoncé un train de mesures sociales pour faire aux affres de la pandémie. Parmi ces mesures figure la mise en place d’une aide alimentaire aux catégories démunis durant les six mois qui viennent.
Sur le terrain, la situation était différente. Depuis l’annonce faite par le président, les produits alimentaires n’étaient pas disponibles pour ces catégories. En colère, les habitants de plusieurs townships se sont dirigés vers les sièges des autorités locales et les églises pour manifester et demander des réponses. En vain.
Les associations de la société civile, qui ont supplanté l’Etat en ces temps de crise, sont submergées. « La situation déborde et les conséquences risques d’être graves, très graves », indique Ankarien Oelofse, membre de Table View Angels, un centre d’accueil qui abrite des centaines de personnes ayant perdu leurs emplois dans la région du Cap.
« Les gens crient à l’aide », indiquent-elle, ajoutant que les dons individuels ne sont pas suffisants pour nourrir les centaines de milliers de personnes laissés pour compte.
A Johannesburg, l’association islamique d’Afrique du Sud tire la sonnette d’alarme. Le nombre de personnes demandant de l’aide alimentaire augmente d’une manière alarmante chaque jour, indique Yaseen Theba, président de l’association.
Au milieu de cette situation extrême, le nombre des sans-abris augmentent dans cette métropole, également centre économique et financier du pays.
Les scènes de misère, avec des sans-abris malades et très mal nourris, meublent les rues du CBD, ancien quartier financier de Johannesburg durant l’ère de l’apartheid.
Il s’agit d’une situation porteuse d’énormes dangers avec l’arrivée prochaine de l’hiver austral avec ses importantes baisses de la température, averti Theba, s’interrogeant si le gouvernement dispose d’un plan clair pour contenir la pandémie et surtout pour nourrir les millions de pauvres dont le destin s’assombrit davantage.