L’objectif est de briser l’isolement de la "quarantaine forcée" et se libérer de l’angoisse à travers l’humour qui a cette capacité magique d’aider à prendre le recul mais sans nier le problème tout en préservant les liens sociaux.
Confinés à l’instar de la moitié du monde, des artistes espagnols ont décidé de porter leurs problèmes quotidiens découlant de cette situation inédite à la télévision à travers une sitcom hebdomadaire qui revient, de manière humoristique, sur une douloureuse expérience jamais vécue par la société espagnole.
A travers la série "Diarios de la cuarentena" (Journal de la quarantaine), devenue un phénomène télévisuel suivi par des millions d’Espagnols deux semaines seulement après son lancement, 15 acteurs s’autofilment dans leurs domiciles à travers des smartphones ou des kits d’enregistrement pour dévoiler leur vie réduite à un espace limité.
Selon les promoteurs de cette sitcom, plus particulièrement la chaîne publique espagnole (TVE), l’objectif n’est d’autre que présenter, avec le respect absolu, quelques minutes d’humour aux millions d’Espagnols pour qu’ils puissent endurer leur confinement de la meilleure façon possible et leur offrir l’occasion de découvrir le quotidien d'acteurs célèbres comme Carlos Bardem, Gorka Otxoa, Carlos Areces ou Fernando Colomo.
Toutefois, malgré le succès d’audience, la sitcom n’a pas échappé aux critiques d’une partie de la société, et notamment de plusieurs partis politiques, comme Vox, ayant accusé la chaîne publique de tirer profit de la situation actuelle pour se donner un coup de fouet alors que des milliers d’Espagnols perdent la vie chaque jour à cause du nouveau coronavirus.
Les voix critiques à cette série pointent du doigt également la TVE pour gaspiller des "millions d’euros" en ces moments difficiles pour présenter une production sans un intérêt réel pour la société espagnole dont le principal souci est de sortir de cette crise sanitaire avec le minimum de dégâts.
Face à ces accusations, la TVE et les promoteurs de cette série de huit chapitres plaident l’innocence. La chaîne publique défend le droit au sourire, notamment dans cette conjoncture marquée par un confinement des plus sévères, et souligne que le but est de partager avec le public des moments d’humour dans ces moments douloureux.
Les responsables de la chaîne estiment également qu’ils investissent dans un nouveau produit réalisé dans des conditions particulières et qui restera comme étant une expérience inédite dans l’histoire de la production télévisuelle du pays.
Dans la même lignée, le producteur Alvaro Longoria a indiqué qu’il a essayé de réunir un groupe d’acteurs connus pour présenter une comédie hebdomadaire qui reflète de manière réaliste, intime et amusante la réalité quotidienne de l’isolement. Ces acteurs donnent vie aux personnages de cette sitcom sous forme de sketchs retraçant les moments de tension, de joie, d’humour et de complaisance de chaque famille, s’est-il défendu.
Au temps du confinement, des aspects qui étaient auparavant clairs, comme la répartition des tâches ménagères au sein du foyer, le choix des émissions de télévision et l’horaire des courses, sont devenus le déclencheur de discussions interminables.
Ainsi, dans un souci d’innovation et de créativité, la chaîne publique espagnole a opté pour faire de la télévision une fenêtre sur les foyers à travers une série qui n’en a pas fait moins de polémique.