L'Espagne, entrée le 14 avril dans son deuxième mois de confinement qui sera prolongé jusqu'au 9 mai, s'est en effet engagée avec une extrême prudence dans un processus de dynamisation progressive des principaux secteurs productifs, à travers la prise d'une série de mesures visant à assouplir les restrictions drastiques imposées, en tenant compte de la situation sanitaire dans le pays et de la nécessité de veiller au maintien du contrôle de la propagation de la pandémie.
Après que les secteurs économiques non-essentiels, mis à l'arrêt pendant deux semaines, aient repris progressivement leur activité la semaine dernière, un retour considéré par certains comme porteur d'espoir, les autorités espagnoles ont continué à adopter des mesures destinées à favoriser un assouplissement progressif et contrôlé des restrictions adoptées en application de l'état d'alerte, décrété dans le pays pour lutter contre la propagation du virus.
Bien que le gouvernement espagnol ait adopté, mardi, la demande de prolongation, pour la troisième fois, de l'état d'alerte de quinze jours supplémentaires, soit jusqu'au 9 mai inclus, il a décidé, en outre, de prendre un ensemble de mesures visant notamment à assurer un "déconfinement" progressif, soutenir le système de santé et à renforcer les efforts de suivi et de contrôle de l'évolution de la propagation de la pandémie.
L'exécutif a ainsi approuvé une nouvelle batterie de mesures économiques et sociales, pour soutenir les entreprises et les travailleurs autonomes, en vue d'atténuer l'impact de la pandémie et de créer les conditions nécessaires devant favoriser la reprise de l'activité économique.
Parmi les mesures prévues à cet égard figure l'autorisation de sorties "limitées" des enfants de moins de 14 ans à partir de dimanche prochain, accompagnés d'un adulte.
C'est ce qu'avait annoncé la porte-parole du gouvernement, María Jesús Montero, qui a précisé qu'"il s'agit d'un allègement partiel car nous devons insister sur le fait que la priorité est d'éviter une chute dans la lutte contre le virus", soulignant que "ces sorties doivent être contrôlées (...) Nous appelons en cela à la responsabilité des parents pour garantir leur sécurité et celle des autres".
Cet assouplissement intervient alors que les appels de certaines régions et de professionnels de santé se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours en Espagne pour autoriser les enfants à sortir, en soulignant notamment les risques pour leur santé psychologique.
Outre cet assouplissement partiel des restrictions en vigueur, le Conseil des ministre a adopté plus de 30 mesures visant en particulier à protéger et à soutenir les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), et les travailleurs autonomes.
Il sera procédé, dans ce cadre, à l'élargissement de l'octroi des allocations de chômage en faveur des travailleurs licenciés pendant la période d'essai, la mobilisation d'environ 1,1 milliard d'euros de liquidité au profit des entreprises, notamment les PME et des travailleurs indépendants, et à la réduction à 0% du taux de TVA appliqué à la vente de matériel médical aux organismes publics à but non lucratif et aux centres hospitaliers.
A cela s'ajoutent la prolongation de deux mois supplémentaires la préférence accordée au télétravail et l'adaptation du cadre réglementaire de certaines activités, notamment celles liées aux ports, à la recherche universitaire, aux centres technologiques, aux travailleurs agricoles et aux coopératives.
L'annonce de ces mesures intervient quelques jours après la publication par des institutions nationales et internationales de leurs prévisions de croissance au titre de 2020 et de 2021 qui révèlent que l'économie espagnole devrait connaitre "une contraction sans précédent dans l'histoire récente".
Selon les dernières projections de la Banque d'Espagne, l'économie ibérique pourrait se contracter de 6,6% à 13,6% en 2020, en raison de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19.
L'institution monétaire a estimé que cette chute sera "sans précédent dans l'histoire récente", dépassant de loin celle qui s'est produite au cours de la crise financière mondiale de 2007-2008, même si son ampleur est soumise à "beaucoup d'incertitude" liée notamment à la durée du confinement.
Elle a, en outre, relevé que le redémarrage de l’activité attendu dès le deuxième semestre de cette année devrait se traduire par "une reprise remarquable" en 2021, avec une croissance projetée entre 5,5% et 8,5%, en fonction de la date de la fin du confinement et de l'efficacité des mesures prises afin de contenir la perte d'emplois et d'entreprises et réduire les problèmes de solvabilité.
Le Fonds monétaire international (FMI) a prévu, de son côté, que le PIB espagnol pourrait chuter de 8% cette année, en raison de l'impact de la crise du coronavirus, estimant que ce serait la plus forte contraction enregistrée par le pays depuis la guerre civile.
Reste à savoir si cet assouplissement contrôlé et progressif des restrictions en vigueur envisagé par les autorités espagnoles aidera le pays à surmonter cette crise, ou bien il sera nécessaire de déployer davantage d'efforts pour contenir la propagation du virus et gagner cette bataille.
L'Espagne, l'un des pays les plus endeuillés au monde par le Covid-19, compte désormais 208.389 cas confirmés, dont 21.717 décès et 85.915 patients rétablis.