Lors d’une récente allocution aux Français, la troisième depuis le début de la crise sanitaire, le Président français a annoncé une date de fin de confinement fixée au 11 mai prochain. Dans la foulée, Emmanuel Macron a annoncé une réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées à partir de cette échéance.
Aussitôt le discours terminé, la toile s’est enflammée ne retenant du discours du Chef de l’Etat, - un discours d’ailleurs bien étoffé avec des annonces d’aides sociales pour les plus démunis et des mesures économiques encore plus renforcées pour faire face aux répercussions socio-économiques engendrées par les mesures de confinement, que cette question du retour des classes, alors que l’épidémie n'a toujours pas été jugulée.
D’aucuns sur la toile ont avancé que c’est l’impératif économique qui a dicté la décision de la reprise des cours. Les crèches, les écoles, les collèges et les lycées devant ouvrir leur porte pour accueillir les enfants des employés et autres salariés afin que la machine économique puisse redémarrer dans une France entrée en pleine récession et où l’économie est exsangue par les mesures de confinement décrétées en vue de freiner la propagation de l’épidémie.
Des associations de parents d’élèves se sont aussitôt élevées contre cette décision, refusant d’emmener leurs enfants à l’école le 11 mai prochain.
De leurs côtés, les syndicats d’enseignants, qui ont dénoncé une décision prématurée, ont exprimé des craintes quant aux conditions sanitaires de la reprise. "Il ne faudrait pas que l'école, les personnels de l'école fassent les frais d'une organisation qui n'a pas été pensée en termes de tests, en termes de confinement liés à cela", a affirmé Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
Le syndicat des enseignants Unsa s’est inquiété pour sa part du "grand flou" entourant les conditions sanitaires du retour aux classes aussi bien pour les enseignants que pour les élèves.
Même son de cloche chez l’Ordre des médecins qui a déploré le "manque absolu de logique" de cette décision.
Quant à la classe politique, surtout celle de l'Opposition, n'a pas raté l'occasion pour ajouter de l'huile sur le feu. Lors des questions au gouvernement, certains responsables politiques ont émis des réserves sur le caractère idoine d’un retour aux classes le 11 mai, pointant du doigt son caractère prématuré et la difficulté de mettre en œuvre les gestes barrières ainsi que la distanciation dans les cours d'école notamment chez les plus petits.
Face à la polémique qui ne cesse d’enfler depuis, le ministre de l'Education a dû multiplier les plateaux de TV pour préciser les contours de ce retour aux classes.
Le retour à l'école ne sera pas "obligatoire" le 11 mai. Il sera "progressif" et se fera par "petits groupes", a tempéré Michel Blanquer sur France2.
Il a aussi souligné que les conditions de réouverture des établissements devraient être déterminées "d'ici deux semaines".
Selon le ministre, il ne s'agira pas d'une rentrée comme les autres, avec des classes de 30 élèves, mais plutôt une reprise par "petits groupes". Il a aussi précisé qu'une partie des cours pourrait se faire à distance, avec une "charge horaire moins importante", notamment pour les lycéens.
Malgré les assurances du gouvernement, les syndicats d’enseignants et les associations de parents d’élèves restent sceptiques sur le bien fondé de cette décision et s’accordent à dire que l’exécutif risque gros en décrétant une reprise prématurée. Tout cela pour un petit mois d’étude alors qu’il pouvait ajourner le retour aux classes jusqu’à septembre prochain, date à laquelle la crise sanitaire et l’épidémie se seraient estompées.