Lors de son discours prononcé à la veille des Réunions de printemps prévue la semaine prochaine par vidéoconférence, Mme Georgieva a souligné que si "une incertitude extraordinaire" règne toujours quant à l’ampleur et la durée de la crise, il est déjà évident que la croissance mondiale sera nettement négative en 2020.
Il y a à peine trois mois, "nous projetions une croissance positive du revenu par habitant dans plus de 160 de nos pays membres en 2020. Aujourd’hui, c’est bien le contraire: nous projetons désormais que plus de 170 pays enregistreront une croissance négative du revenu par habitant cette année", a ajouté la Cheffe de l'institution monétaire internationale basée à Washington.
Ces sombres perspectives s’appliquent aussi bien aux pays avancés qu’aux pays en développement. "Cette crise ne connaît pas de frontières. Tout le monde est éprouvé (...) les pays vulnérables devraient payer le plus lourd tribut à la crise économique", a-t-elle noté.
Selon les prévisions du FMI, les pays émergents et les pays à faible revenu d’Afrique, d’Amérique latine et d’une grande partie de l’Asie encourent un risque élevé compte tenu notamment du système de santé déjà faible couplée à énorme pression extérieure.
"Les mesures que nous prenons maintenant détermineront la vitesse et la vigueur de la reprise. C’est sur cela que plancheront les 189 pays membres du FMI avec qui nous nous réunirons virtuellement la semaine prochaine à l’occasion de nos réunions de printemps, a insisté Mme Georgieva.
Selon les estimations du FMI, les besoins bruts de financement extérieur des pays émergents et des pays en développement s’élèvent à des milliers de milliards de dollars.
"Or, ils ne peuvent à eux seuls répondre qu’à une portion de cette demande, ce qui laisse un déficit de financement de plusieurs centaines de milliards de dollars. Ils ont besoin d’aide en urgence, a plaidé la directrice générale du Fonds.
Au regard de son constat d'une année 2020 "exceptionnellement difficile", le FMI projette une reprise partielle l'année prochaine si la pandémie s’estompe toutefois au cours du second semestre, avec une levée progressive des mesures de confinement et une réouverture de l’économie.
En effet, ces perspectives sont soumises à une grande incertitude. "Elles pourraient se détériorer, en fonction de nombreux facteurs, dont la durée de la pandémie".
Face à cette crise sans précédent, la DG du FMI propose une stratégie à quatre volets: maintenir les mesures essentielles de confinement et de soutien aux systèmes de santé; protéger les personnes et les entreprises touchées grâce à des mesures budgétaires et financières de grande envergure, ponctuelles et ciblées; réduire les tensions sur le système financier et éviter un effet de contagion; et enfin planifier la relance.
"Une fois encore, nous devrons agir maintenant afin de limiter au minimum les éventuelles séquelles de la crise. À cet effet, il faudrait réfléchir minutieusement au moment approprié pour assouplir progressivement les restrictions, sur la base de données prouvant que l’épidémie recule", a-t-elle indiqué en prônant notamment une "relance budgétaire coordonnée".
Et de conclure en affirmant que l'institution dont elle a la charge "jette toutes ses forces dans la bataille" pour fournir des conseils, de l’assistance technique et des ressources financières aux pays membres.
A cet effet, le FMI assure mettre à la disposition de ses membres sa capacité de prêt de 1.000 milliards de dollars. Des demandes de financement d’urgence ont été déjà reçues jusqu’à présent de plus 90 pays membres, un record.
Par ailleurs, le FMI et la Banque mondiale ont invité les créanciers bilatéraux officiels à prononcer un moratoire sur le service de la dette des pays les plus pauvres du monde compte tenu de l'actuelle crise sanitaire sans précédent.