Bien que le pays scandinave qui a signalé le 26 février son premier cas de contamination continue de vivre au rythme du confinement et des bilans sanitaires, la propagation du Covid-19 serait aujourd’hui "sous contrôle" sur le sol norvégien.
Le taux de reproduction de la maladie, c'est-à-dire le nombre de personnes contaminées par chaque malade, est tombé sous le seuil de 1, à 0,7 contre 2,5 avant l'adoption à la mi-mars de mesures contraignantes visant à lutter contre l'infection.
La courbe des nouvelles hospitalisations a montré des signes de tassement ces derniers jours, réduisant les besoins en nombre de lits. Le nombre de patients admis quotidiennement en réanimation a, lui aussi, reculé progressivement depuis un pic observé le 25 mars.
Des données à relativiser, puisqu’il faudra plus de temps pour les confirmer. Néanmoins, l'espoir est là !
Selon les derniers chiffres de l’Institut de la santé publique, la Norvège déplore 69 morts et compte 5.863 cas officiellement recensés, alors qu’un total de 113.896 personnes ont été testées au covid-19. D'ailleurs, l’énorme capacité de dépistage de ce royaume de 5,3 millions d’habitants explique probablement en partie pourquoi il a réussi à garder le virus "sous contrôle".
Devant cette nouvelle réjouissante qui accompagne l’arrivée des beaux jours printaniers, la Norvège a annoncé mardi un assouplissement progressif des mesures à compter du 20 avril, à commencer par une réouverture des crèches et une levée de l'interdiction des séjours en résidence secondaire, emboîtant ainsi le pas à son voisin le Danemark qui prévoit de rouvrir ses crèches et écoles le 15 avril.
"Ensemble, nous avons maintenant fait passer le virus sous contrôle et nous pouvons par conséquent rouvrir la société petit à petit. Nous ferons cela ensemble, de manière contrôlée et progressive", s’est félicitée la Première ministre Erna Solberg lors d'une conférence de presse.
Doucement mais sûrement, serait donc la devise de la cheffe du gouvernement norvégien qui a dévoilé un calendrier encadrant une levée de certaines des restrictions adoptées pour endiguer l'épidémie.
Une deuxième étape, à partir du 27 avril, verra la réouverture, seulement partielle, des collèges, lycées et universités, sans que la date d'une réouverture généralisée des établissements scolaires soit fournie.
Certaines professions liées à la santé comme les physiothérapeutes et les psychologues pourront aussi rouvrir leurs portes dans la première phase. Idem pour d'autres lieux tels que les salons de coiffure, de massage et de dermatologie dans la seconde.
En attendant, il semblerait que le retour des concerts, des bars et restaurants bondés ne soit pas à l'ordre du jour avant plusieurs semaines, voire des mois. Les autres règles comme la fermeture des frontières, les mesures de quarantaine et d'auto-isolement, l’encouragement du télétravail et les gestes barrières restent aussi en place à ce stade.
L’annonce a sonné comme un ouf de soulagement pour les Norvégiens qui semblent fragilisés par le confinement et la crise qui s’en suit, mais c’est encore loin d’être la fin…
Outre les bouleversements sociaux, le taux de chômage a grimpé mardi à un niveau record de 15,4% en raison de l'arrêt d'un grand nombre d'activités économiques à cause de l'épidémie.
Affichant un optimisme prudent, la Première ministre a prévenu que cet allègement des restrictions "ne signifie pas qu'on puisse devenir plus imprudents". Il serait même réversible en cas de regain de l'épidémie, a-t-elle prévenu.
D'ailleurs, l’Institut de la santé publique a averti dans son dernier rapport hebdomadaire que le risque demeure toujours "élevé" étant donné que le développement de l'épidémie est "incertain", surtout que le virus n’a pas encore cessé pas de circuler.
Le combat contre le nouveau coronavirus rappelle en quelque sorte aux Norvégiens la terreur vécue lors des attentats terroristes de juillet 2011, perpétrés par le terroriste Anders Behring Breivik, faisant 77 morts. La réponse autrefois a été la détermination collective et un sens généralisé de "dugnad".
Ce terme norvégien qui incarne l'esprit de solidarité pour le bien commun est de nouveau invoqué face au Covid-19, les jeunes aidant les personnes âgées et le gouvernement et l'opposition travaillant étroitement ensemble. Ne dit-on pas que les sociétés libres prospèrent selon les normes de responsabilité civique ?