Les Ghanéens, dont la majorité vivant à Accra sont originaires des périphéries, ont préféré prendre la route à bord des voitures ou des trotros, minibus de transport public, à destination des campagnes avant l'entrée en vigueur, lundi à minuit, de la mesure de confinement.
Fuir la mesure appliquée à Accra, trouver un refuge dans le village durant cette période de confinement, loin du stress quotidien et du coût de la vie élevé de la capitale, est la solution qu’a trouvé une frange de Ghanéens, qui gagnent leur vie au jour le jour.
C’est le cas de Kwesi, vendeur ambulant, qui a choisi de quitter Accra pour rejoindre sa grande famille à Winneba, à 60 km de la capitale.
"Je ne peux pas travailler maintenant, eu égard le confinement imposé par le président. Je n’aurais pas les moyens de payer mon loyer, ni de quoi me nourrir", a-t-il confié à la MAP, soulignant que "le coût de la vie est cher à Accra", et que s'il restait, il pourrait pas subvenir aux besoins de sa famille.
"Dans mon village, on pourra se débrouiller ensemble, en attendant que cette tempête passe", a-t-il dit avec beaucoup d’optimisme.
De son côté, Shafatou, vendeuse aux feux tricolores, qui partage une chambre dans un quartier reculé d’Accra avec sept autres femmes, a indiqué que ses colocatrices "ont décidé de rejoindre leurs familles dans les villes", expliquant qu'elle est obligée de faire de même "car je ne peux pas payer le loyer seule", a-t-elle dit.
"Je veux rester et travailler dans des commerces qui resteront ouverts durant le confinement, comme les point de vente de nourriture ou de l’eau, mais ça sera difficile pour moi", a-t-elle ajouté avec regret.
Bien que la décision de confinement n’est pas profitable aux commerçants et aux citoyens, elle reste la seule solution approuvée pour freiner la propagation du virus, surtout après la montée en flèche des cas contamination.
Pour convaincre les Ghanéens de la nécessité d’imposer le confinement dans les régions métropolitaines du Grand Accra et du Grand Kumasi et les districts voisins, cœur battant de l’économie du pays, le président Nana Akufo Addo, a joué sur l’apaisement des esprits.
Il a promis, en ce sens, que le gouvernement allait prendre les mesures nécessaires pour atténuer l'impact du coronavirus sur les couches vulnérables et veiller à minimiser les pertes d'emplois.
Ainsi, le chef d’Etat a appelé le conseil d'administration du Fonds spécial Covid-19, créé pour lutter contre l’impact de cette pandémie sur l’économie ghanéenne, avec comme première contribution le salaire de trois mois du président, à accorder une attention particulière aux nécessiteux et aux couches vulnérables de la société.
Il s'agit de la meilleure façon de dépenser les ressources générées par le fonds, a-t-il souligné, notant que les couches vulnérables sont les plus touchées par le confinement obligatoire imposé dans certaines régions du pays.
Les Ghanéens aisés ont lancé des campagnes de solidarité en ces temps difficiles pour venir en aide aux nécessiteux, surtout ceux qui ont perdu leurs emplois après l’imposition du confinement.
Sur les réseaux sociaux, les internautes se proposent d’aider les couches fragiles en faisant leurs courses durant le confinement gratuitement et sans contact physique.
Les entreprises ont également démontré, en cette période de guerre contre la pandémie, le vrai sens de la responsabilité sociétale de l'entreprise. Le secteur privé a mis la main à la poche, en faisant des dons au profit du Fonds spécial Covid-19.
Le Ghana a déjà introduit une série de mesures concernant notamment la fermeture des écoles, l'interdiction de voyager, la suspension des événements publics et l'interdiction des grands rassemblements pour endiguer la propagation de la pandémie.
Le pays a enregistré jusque-là 195 cas de Coronavirus, dont 5 décès et 33 guérisons.