En terre d'Eburnie, ce chiffre est d'autant plus déplaisant qu'il demeure fatidiquement suspendu à l'hypothèse d'une maîtrise de la pandémie à fin juin, soit une conjecture improbable au vu de la propagation effrayamment tentaculaire de la pandémie.
"Notre croissance économique estimée à 7,2% pour l'année 2020, serait réduite de moitié à 3,6%", a amèrement annoncé le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, dans un discours télévisé.
Comme partout ailleurs, l'économie ivoirienne, longtemps championne de croissance, subit de plein fouet les ravages économiques du Coronavirus, Covid-19 de son nom scientifique. Et le mal se fait déjà sentir.
"L'impact lié au covid-19 est déjà perceptible sur l'économie nationale. De nombreux secteurs clés sont touchés et les populations durement frappées", pour reprendre les propos du PM ivoirien.
A l'effet d'atténuer l'impact économique et social de la pandémie, le gouvernement ivoirien a annoncé mardi un plan de soutien économique, social et humanitaire qui mobilisera un total de 1.700 milliards de francs CFA (2,6 milliards d'euros), soit environ 5% du PIB ivoirien.
Ce plan d'urgence se décline en trois principaux axes, à savoir le soutien aux entreprises, l'appui à l’économie et des mesures sociales en faveur des populations.
A court terme, les mesures de soutien aux entreprises visent à maintenir les activités économiques afin de soulager leur trésorerie et à préserver l’emploi. A cet égard, il a été décidé de suspendre les contrôles fiscaux pour une période de trois mois.
Aussi, le gouvernement a entrepris de reporter de trois mois le paiement des taxes forfaitaires des petits commerçants et artisans, notamment les maquis, les restaurants, les cinémas et les lieux de spectacles.
Sont également différés de trois mois, le paiement des impôts, taxes et versements assimilés dus à l’Etat ainsi que des charges sociales du fait des difficultés de trésorerie des entreprises. Le secteur du transport, lui, bénéficiera d’une réduction de la patente à hauteur de 25%.
Seront également ajournés pour la même période, le paiement de l’impôt sur les revenus de capitaux aux entreprises du tourisme et de l’hôtellerie qui éprouvent des difficultés, outre une exonération des droits et taxes de porte sur les équipements de santé, matériels et autres intrants sanitaires entrant dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Le plan gouvernemental porte un vif intérêt aux petites et moyennes entreprises, mais surtout au secteur informel, qui représente entre 30 et 40 % du PIB du pays, selon un rapport du Fonds monétaire international publié en juillet 2017.
Il a été également annoncé la création d'un fonds de soutien pour les grandes cultures agricoles d'exportation (cacao, hévéa, noix de cajou), piliers de l'économie ivoirienne et secteurs absorbant le gros des emplois.
En outre, des mesures spécifiques ont été prises au profit des populations les plus démunies, dont la "prise en charge" par l'Etat des factures d'électricité et d'eau. De quoi réconforter plus d'un million de ménages, soit près de 6 millions individus.
A noter également la mise en place d'un Fonds de solidarité Covid-19, qui sera abondé de quelque chose comme 170 milliards FCFA (260 millions d'euros). Cette caisse devra profiter aux populations les plus vulnérables, à travers l'élargissement des "filets sociaux".
Le projet "filets sociaux", initié depuis mars 2017 par le gouvernement ivoirien avec l'appui de la Banque mondiale, vise à soutenir les ménages les plus pauvres avec des transferts trimestriels de 36000 FCFA (55 euros) pour chaque ménage.
Pertinentes certes, toutes ces mesures et bien d'autres devraient contribuer à la survie de l'activité économique à court et, éventuellement, moyen termes. La survie des populations, elle, reste cependant l'otage du strict respect des mesures de prévention du Covid-19.
A l'heure qu'il est, la Côte d'Ivoire, pays de 26 millions d'habitants, compte 190 cas de contamination dont un décès et neuf guérisons. Etat d'urgence et couvre-feu (21H00-05H00) y sont instaurés.