Certes, cette décision n’est pas facile dans un pays où l'économie est en grande partie basée sur l’informel, avec plus de 85% des emplois en provenance de ce secteur non structuré, mais situation oblige. Les cas de contamination ne cessent d’augmenter de manière exponentielle, malgré les mesures prises depuis l’apparition des premiers cas au pays.
Pour empêcher la propagation du Covid-19, la Ghana Medical Association (GMA) a appelé le gouvernement à décréter le confinement total avec effet immédiat. "Seuls les services essentiels tels que les commerces d'alimentation générale et les pharmacies devraient être autorisés à fonctionner", indique la GMA dans un communiqué.
"Bien que le confinement total n’est pas une décision confortable pour les commerçants et les citoyens, il est la seule option sûre pour freiner la propagation du virus", a estimé la GMA, appelant les Ghanéens à soutenir une telle démarche dans l'intérêt national pour sauver le pays des effets dévastateurs de cette pandémie.
De son côté, le Bureau de la sécurité publique a également appelé au "confinement immédiat et total" des régions du Grand Accra et d'Ashanti pendant au moins 21 jours.
Le Bureau a également appelé à la fermeture de tous les ministères, départements et agences (MDA) et de toutes les assemblées métropolitaines, municipales et de district (MMDA).
Face à ses appels, le gouvernement, qui pensait qu'il n’est pas opportun en ce moment de décréter le confinement, car la majorité des Ghanéens seront touchés, a opté pour une décision mi-figue mi-raisin.
Dans un discours télévisé vendredi soir, le président Nana Akufo Addo, a annoncé l’imposition d’un confinement, mais seulement dans certaines régions du Ghana, considérées comme épicentres de l’épidémie de Coronavirus.
"A compter du lundi 30 mars à 1h00 GMT, le confinement est imposé dans les régions métropolitaines du Grand Accra et du Grand Kumasi et les districts voisins, pour une période de deux semaines, sous réserve de révision", a annoncé M. Akufo Addo.
Le confinement nous donnera l'occasion d'essayer de stopper la propagation du virus et d'intensifier efficacement le traçage des personnes qui sont entrées en contact avec des cas infectés, a expliqué le chef d’Etat, appelant les Ghanéens à "supporter" ces mesures supplémentaires prises dans l'intérêt de tout le monde.
Et de noter que gouvernement mettra en œuvre des mesures audacieuses pour atténuer l'impact du coronavirus sur les entreprises et les ménages et veiller à minimiser les pertes d'emplois.
"Un programme de lutte contre l’impact de Coronavirus sur les activités économiques, visant à mettre à la disposition des ménages et des entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, un minimum d'un milliard de cedis (près de 200 millions de dollars), est en cours d’élaboration", a affirmé le chef d’Etat.
Selon l'institut pour la liberté et l'innovation politique (ILAPI), un groupe de réflexion ghanéen, le Ghana aura besoin de plus de 15 milliards de cedis (plus de 3 milliards de dollars) pour un confinement de 28 jours.
"Si le pays se met en lock-out, l’impact sur l’économie sera important, ce qui nécessite également des mesures budgétaires et monétaires urgentes", a estimé le think-thank.
Et pour assurer la gestion administrative du pays, le Ghana a basculé en télétravail pour les employés du secteur public, à travers une plateforme gouvernement dénommé "Smart Workplace".
Pour ce faire, l'Agence nationale des technologies de l'information (NITA) a élaboré une solution globale pour permettre à tous les agents du secteur public (ministères, départements et agences) de rester chez eux et travailler à distance.
Les Ghanéens, en général conscients de la gravité de la situation, sont ainsi appelés dans les prochains jours à être plus prudents pour faire face à cet ennemi invisible qui franchit toutes les frontières et contraint les pays au confinement.
Le Ghana a enregistré jusque-là 152 cas de Coronavirus, dont 5 décès.