Face à cette accélération exponentielle couplée à la pression grandissante des responsables de la santé et des gouverneurs des différents Etats, le président Donald Trump a fait machine arrière sur ses promesses d'assouplir, d'ici le 12 avril, les restrictions pour enrayer l'épidémie au vu de l'impact foudroyant sur l'économie d'un confinement généralisé.
Il a ainsi décrété une prolongation de 30 jours des recommandations en matière de distanciation sociale instaurée au départ pour une période de 15 jours.
"Rien ne serait pire que de crier victoire avant que la guerre ne soit gagnée", a déclaré M. Trump lors de sa conférence de presse quotidienne à la Maison Blanche sur la lutte contre l’épidémie. "Ce serait la plus grande défaite de toutes", a-t-il ajouté.
Pourtant, il y a à peine une semaine, le président américain résistait dur comme fer à une telle perspective. "Nous ne pouvons laisser le remède être pire que le problème lui-même", avait-il dit suggérant des conséquences désastreuses si au moins certains secteurs de l'économie ne sont pas restaurés dans les prochaines semaines.
Confronté aux statistiques inquiétantes des derniers jours et aux appels de plusieurs gouverneurs à un confinement coercitif national, le locataire de la Maison Blanche n'avait pas le choix.
Les Etats-Unis ne devraient atteindre probablement leur pic de mortalité maximale due au virus que dans deux semaines, a-t-il reconnu pour justifier cette volte face avant d'ajouter, sur un ton plutôt rassurant, que le pays serait "en bonne voie de rétablissement" d'ici le 1er juin.
Signe que le pays est devenu aujourd'hui le cœur de la pandémie mondiale, le Dr Anthony Fauci, l'un des grands spécialistes au monde des maladies infectieuses, a fait des projections pour le moins inquiétantes. Le nouveau coronavirus pourrait infecter des millions de personnes aux États-Unis et faire plus de 100.000 morts, a-t-il mis en garde.
Ce directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses a espéré que la courbe soit aplatit substantiellement avant de réduire les restrictions de distanciation sociale.
Aussi, il a qualifié de "prudente" la décision de Trump de prolonger jusqu'au 30 avril ses recommandations afin de freiner la progression de l'épidémie.
Sur le front médical, les autorités sanitaires fédérales viennent d'approuver un test qui peut fournir des résultats en moins de 15 minutes, en empruntant la même technologie utilisée pour certains tests rapides de grippe.
Présenté par le vice-président Mike Pence qui dirige la "task force" chargée par Trump de lutter contre l'épidémie, le nouveau test de diagnostic pourrait donner lieu à des résultats rapides.
Mais la pénurie d'équipements essentiels utilisés pour recueillir les échantillons des patients, comme les masques et les écouvillons, pourrait atténuer son impact, estiment les analystes.
Partout dans le pays en effet, les gouverneurs se démènent pour augmenter la capacité hospitalière, trouver plus d'équipements de protection pour leurs médecins et infirmiers, qui signalent des pénuries dangereuses, et obtenir plus de ventilateurs, qui permettent aux patients gravement malades de respirer.
Ce sont principalement les trois Etats du nord-est du pays, en l’occurrence New York, New Jersey et le Connecticut qui concentrent le plus grand nombre d'infections.
Le président américain a été, à un moment, tenté de leur imposer une mise en quarantaine avant de se rétracter après avoir suscité l'émoi dans la région.
Il a ensuite demandé au Centre de contrôle des maladies (CDC), autorité de santé nationale, de diffuser un avis "ferme" à l'adresse des résidents de ces Etats "d'éviter tout voyage non essentiel (dans le pays) durant les 14 prochains jours avec effet immédiat".
Pour enrayer l'effet de la pandémie sur l'économie, le locataire de la Maison Blanche a signé un plan de relance économique massif de 2.000 milliards de dollars destiné à aider les travailleurs et les entreprises touchés de plein fouet.
Surnommé la loi CARES, ce plan est le plus important packet de sauvetage économique de l'histoire du pays, résultat d'un compromis entre démocrates et républicains rare ces derniers temps à Washington.
Face au coronavirus, Donald Trump clame qu'il est un "président pour temps de guerre". Aux derniers sondages, il semble atteindre sa plus forte côte de popularité auprès des Américains depuis le début de son mandat.
D'après un sondage réalisé par CNN, 52% des électeurs sondés approuvent sa gestion de l'épidémie alors que 45% en sont insatisfaits.
En quelques semaines, la menace du coronavirus a en effet profondément bouleversé les habitudes et les modes de vie des Américains, dont environ 9 sur 10 affirment rester à la maison "autant que possible" et pratiquer la distanciation sociale pour réduire le risque de contracter le virus, selon un sondage Washington Post-Abc.
Les niveaux de stress semblent être plus élevés aujourd'hui qu'ils ne l'étaient pendant la Grande Récession qui a suivi l'effondrement financier de 2008, avec 7 Américains sur 10 citant l'épidémie du coronavirus comme source de ce stress et 1 sur 3 disant qu'elle a causé un stress "grave".
Au vu de l'ampleur de l'actuelle crise sanitaire sans précédent et ses répercussions considérables au plan économique et social, les choses ne devraient pas changer de sitôt.