Allant des traditions ancestrales aux dernières technologies du web 2.0, en passant par une redécouverte de soi, cette maman a choisi de voir, même dans les moments sombres, le verre à moitié plein.
Pour cette femme engloutie de vie, la première démarche suivie, après l’annonce du confinement, était de revenir vers soi et de s’interroger sur la meilleure manière de gérer une crise, qui semble de prime abord angoissante.
"Maintenant on est face à la situation, qu’il faut gérer au meilleur et, pourquoi pas, ne pas la bien vivre”, affirme Mme Lamhaidi d’un ton ferme, qui dégage toute la bravoure et la détermination des "doukkaliates".
Consciente que le confinement est un acte patriotique pour sauver notre pays, nos semblables et nos concitoyens, cette femme de médias engagée nous confie qu’elle était préparée à le vivre dans les meilleures conditions possibles.
Elle considère que l’effort demandé est vraiment minime par rapport au travail gigantesque mené par l’Etat, par les autorités, par le corps médical et par les gens du commerce, qui n'ont pas fermé et continuent de répondre aux besoins des Marocains, malgré le risque encouru.
"Le Maroc est fort et puissant ! Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça représente pour nous, dans la situation actuelle, le fait que le rideau de "Moul Hanout" (l'épicier) n’est pas tombé ! La moindre des choses à faire c’est de rester chez soi”, s’adresse-t-elle aux citoyens avec une voix cassée qui trahit une grande émotion.
Selon cette maman, également professeur universitaire, écrivaine et scénariste, le confinement dû à l’état d’urgence sanitaire a allégé notre quotidien, cédant une grande place à notre petit confort, souvent oublié dans la foulée des tâches familiales et professionnelles, qui nous envahissaient, nous submergeaient et nous éloignaient de nous-mêmes.
"Restez chez soi est également "une occasion, pour moi, de revenir sur plusieurs activités que je reportais, notamment la lecture des romans et des livres qui s’entassent", souligne-t-elle avec une voix enthousiaste.
Outre le retour vers soi et la concentration sur ses propres passions, Mme Nadia crée un climat de solidarité et de partage qui règne dans son foyer durant ce huis clos en famille.
"Accompagnée de mes enfants, j’ai réorganisé la répartition des tâches ménagères, à travers une liste "Qui fait quoi ?" dans le but d’impliquer et d’occuper tous les membres de ma petite famille”, fait-elle savoir.
Cette maman multi-casquette, au quotidien généralement chargé, se félicite de pouvoir aujourd’hui, à l’ère du confinement, savourer la cuisine et préparer plusieurs recettes marocaines, en l'occurrence "le Msemen", dont elle n’a pas tamisé la farine depuis longtemps.
La cuisine lui permet, a-t-elle expliqué, de s’éloigner des ondes négatives reçues en restant exposé à toutes les informations morbides au sujet du Coronavirus dans le monde, ajoutant que, dans la même optique, elle a fait sortir ses jeux de société, notamment le scrabble, pour passer d’agréables moments de joie, de rire et de détente avec ses enfants.
Alliant harmonieusement modernité et authenticité, la maman s’est, en outre, adonnée aux anciennes recettes en ce qui concerne la stérilisation de la maison.
"Je ne suis pas allée faire une razzia dans les pharmacies pour acheter des stérilisateurs. J’utilise quelques flacons que j’avais mis à côté, tout en me servant des recettes de nos grands-mères en matière de stérilisation (plantes médicinales et aromatiques, et des huiles essentielles).
Après un silence de nostalgie, Mme Nadia nous raconte que lorsqu'elle partait avec sa maman au Hamam (bain maure), elle voyait les femmes mettre la plante de Addad dans le “Kanoun” pour chasser les mauvaises odeurs et désinfecter les lieux.
Trouvant refuge dans les anciennes traditions marocaines, l'enseignante change immédiatement de casquette quand il faut accomplir son devoir professionnel.
A l’instar des enseignants du pays, Mme Lamhaidi est amenée à assurer ses cours en e-learning.
"En matière d'enseignement à distance, tous les professeurs étaient obligés de dédoubler l'effort pour s'y mettre et pour installer cette possibilité de rester en contact avec leurs étudiants et continuer à donner les cours”, relève cette professeur des médias et de la communication à l'Institut supérieur de l'Information et de la Communication (ISIC).
Grâce à la dynamique habituelle de ses cours et la confiance installée avec ses étudiants, Mme Nadia, qui a toujours été très intéressée par le web et par les réseaux sociaux, se dit fière que tous les cours se déroulent normalement jusqu'à aujourd'hui.
“On a commencé par se réunir dans un groupe facebook fermé, où je donne les cours en live tout en alternant les lives avec mes étudiants qui doivent également présenter leurs projets, pour utiliser ensuite Hangouts meet, une application dédiée à la visioconférence, sous l’assistance d’un expert pour un déroulement optimal des cours”, explique l'enseignante qui se charge de deux ateliers sur le journalisme électronique et un autre sur l’éthique et la déontologie des médias.
Engagée, Mme Lamhaidi mobilise également ses étudiants et sa famille en les incitant à créer ensemble des capsules de sensibilisation et d’incitation au confinement publiées sur les réseaux sociaux sous le titre "B9a fdark 3awn bladk" (reste chez toi, aide ton pays).
Pour elle, il faut "positiver" ce confinement, qui nous a permis de nous redécouvrir, de réapprendre la solidarité, d'attaquer nos faiblesses et d’optimiser nos forces et notre énergie positive, mais aussi de faire preuve d’un grand sens d’engagement et d’amour à notre Patrie.