Mais c'est la pénurie de masques, que d'aucuns considèrent comme des boucliers dans cette bataille acharnée, qui inquiète plus que tout les autorités sanitaires et gouvernementales.
Les pays qui ne disposent pas d’unités de production sur leurs territoires ont des besoins énormes en masques pour faire face à la demande croissante des structures de santé et des citoyens.
Produits essentiellement en Chine, ces petits bouts de tissu, sont d'ailleurs, depuis le déclenchement de l'épidémie au centre d'une bataille acharnée entre plusieurs pays européens.
La décision des États membres de l'UE comme la République tchèque, la France et l'Allemagne de stopper les exportations de masques et de garder pour eux leurs équipements de protection, alors que des pays comme l'Italie en manquaient cruellement, a suscité l'indignation et semé le doute sur le véritable sens de la solidarité européenne.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a fustigé cette attitude "attristante" de certains Etats membres.
"Au moment où l'Europe se devait vraiment d'être là pour tous, trop de personnes se sont d'abord préoccupées d'elles-mêmes. Au moment où l'Europe avait vraiment besoin de faire preuve de l'esprit du ‘tous pour un’, trop de personnes ont d'abord répondu par un ‘seulement pour moi’. Et lorsque l'Europe a vraiment dû prouver qu'elle n'était pas une 'Union des beaux jours', trop de personnes ont dans un premier temps refusé de partager leur parapluie", a-t-elle déploré dans un discours à l'ouverture d'une session plénière extraordinaire du Parlement européen, tenue jeudi à Bruxelles.
Insistant sur la solidarité européenne en ces temps difficiles, elle a réitéré qu'"aucun État membre ne peut faire face seul à cette crise. Parce que dans cette crise, et dans notre Union européenne d'une manière générale, nous ne pouvons nous aider nous-mêmes qu'en nous aidant mutuellement".
Les appels à l'altruisme et à l'entraide étant restés sans écho, les comportements "nationalistes" et «le chacun pour soi » ont pris le dessus sur la coopération européenne dans la gestion de la crise du coronavirus.
Face à cette situation inédite, les pays européens ne disposant plus de masques de protection ou de stock de gel hydro alcoolique tentent tant bien que mal de s'approvisionner en ces produits cruciaux dans la lutte contre le Covid-19.
Certaines entreprises de confection ou de production de parfums se sont reconverties en unités de production de masques et de gel hydro alcoolique. L’OMS a même rendu publics des formules et tutoriels pour fabriquer chez soi la fameuse solution nettoyante et les masques de protection.
En Belgique des projets de structures de production de masques sont en cours de création pour répondre à l'urgence actuelle mais aussi réduire sur le long terme la dépendance vis-à-vis de producteurs étrangers.
La gestion par certains pays européens comme la France et la Belgique de leurs stocks en masques a été cette semaine au centre d’une grosse polémique.
En Belgique une information relayée par la presse en début de semaine, faisait état de la destruction en 2018 par le gouvernement fédéral d'un stock stratégique de plusieurs millions de masques de protection de type FFP2 arrivés à leur date de péremption, sans procéder à leur renouvellement par souci d'économie dans le budget des soins de santé.
Même scandale en France où le gouvernement a été interpellé la réduction des stocks de masques afin de rationaliser les coûts.
Si la pandémie du covid-19 a eu un impact certain sur les sociétés européennes elle aura eu le mérite de dévoiler les défaillances des systèmes de santé des pays européens et de leur capacité d’anticiper les crises majeures.
La guerre insensée des masques et du gel hydro alcoolique montre à quel point le projet d'une Europe unie qui protège, reste un simple vœu pieux.