Malgré la déclaration de l'état d'urgence sanitaire le 16 mars, il semble que le nombre croissant de cas d'infection au Covid-19 accentue la pression exercée sur le gouvernement, que ce soit du côté de l'opposition, en particulier le parti de droite des Vrais Finlandais, ou de certains observateurs qui critiquent l'indulgence de la Première ministre Sana Marin à adopter des mesures drastiques permettant de freiner les contaminations.
Le gouvernement fonde son évaluation de la situation sur le fait que la réalité reflète un déclin notable des rassemblements dans les rues et les espaces publics d'une manière qui équivaut à une quarantaine volontaire, malgré l'absence d'un couvre-feu imposé sur le modèle d'autres pays, et par conséquent, il est inutile de resserrer davantage les cordes. D'autant plus qu'il y a des pays, dont la situation est bien pire, mais qui gèrent la crise avec une plus grande flexibilité.
En Suède voisine par exemple, où l'épidémie se propage plus rapidement, les restrictions sont plus souples que celles observées dans les autres pays nordiques. Une soixantaine de décès et plus de 2.500 cas confirmés ont été signalés en Suède, des dizaines nécessitant des soins intensifs, contre 958 personnes malades cinq décès en Finlande.
"En ce qui concerne les mesures de précaution, il semble que nous devancions la Suède", explique Mika Salminen, directrice de la sécurité sanitaire à l'Institut national de la santé et du bien-être.
En Suède toujours, les jardins d'enfants et les écoles sont restés ouverts, seuls les établissements d'enseignement supérieur ont adopté le système d'enseignement à distance. Les stations de ski de la Laponie finlandaise sont fermées, mais en Suède, la vie se poursuit et Stockholm n'a pas fermé ses frontières!
Selon Mika Salminen, la situation et les attentes en Finlande sont les mêmes qu'en Suède, mais des conclusions différentes ont été tirées.
Le long de la semaine dernière, le gouvernement de Sanna Marin a traîné les pieds pour imposer des restrictions de mouvement et fermer les cafés et restaurants, mais il n'a toujours pas franchi le pas bien que le pays a déjà enregistré son cinquième décès cette semaine.
En revanche, le gouvernement a décidé l'isolement d'Helsinki et de sa région, le plus gros foyer de propagation du nouveau coronavirus en Finlande, avec plus de 500 cas recensés, tandis que les mesures liées à la fermeture des cafés, discothèques et restaurants sont toujours à l'étude.
Selon certains observateurs, la décision du gouvernement d'isoler la province d'Uusimaa (capitale et région) à partir de vendredi est toujours soumise à l'approbation du Parlement, qui entamera une course contre la montre pour finaliser la législation requise.
La commission juridique au Parlement sollicitera la voix d'un groupe d'experts afin de s'assurer que cette mesure, du reste incompatible avec les droits constitutionnels des citoyens, est bien la seule option et qu'il n'y a pas d'autres solutions. Autant dire que cela nécessite un large débat pour approuver une procédure qui n'a pas été mise en œuvre depuis les années 1940.