Le Kenya qui a pourtant pris des mesures proactives dès la déclaration du 3ème cas confirmé le 15 mars, en décidant de fermer les écoles, les lycées et les universités et aussi ses frontières, sauf pour ses citoyens et les résidents étrangers, n'a pas réussi jusqu'à présent à imposer ses directives à une population qui continue de sortir normalement, de faire ses courses quotidiennes, de se tasser en grand nombre dans les matatus (minibus de transport public) sans se soucier du grand risque qui guette ce pays d'Afrique de l'Est qui n'a pas réussi à mettre de côté, selon les dernières données du trésor, les fonds nécessaires pour faire face à cette pandémie.
A fin février, le gouvernement Kényan ne disposait que 2,8 milliards de shillings (environ 28 millions de dollars) sur son compte, un montant jugé trop minime par les économistes pour pouvoir aider à lutter contre les effets de la pandémie de coronavirus.
Les dernières données du Trésor national montrent que presque tous les montants que la Kenya Revenue Authority (KRA) a collectés en impôts ont été dépensés pour payer les salaires, les dettes et d'autres dépenses récurrentes, laissant à l'Échiquier une somme dérisoire pour faire face à la pandémie et pour préparer un plan de relance pour les entreprises en difficulté.
L'indifférence des Kényans face aux directives du gouvernement visant à juguler la propagation du virus a suscité la consternation de plusieurs membres de l'exécutif, dont le ministre de la Santé, Mutahi Kagwen qui conduit la cellule de crise mise en place par le Président Uhuru Kenyatta pour assurer le suivi de la situation pandémique dans le pays.
"Nous sommes consternés par le fait que de nombreux Kényans ignorent continuellement les mesures préventives adoptées par le gouvernement. On ne peut plus autoriser ces comportements", a déploré le ministre.
"Les Kényans sont très indisciplinés et cela nous coûtera trop cher. Nous voulons que les citoyens soient responsables, gardez vos enfants à la maison", s'est insurgé mardi le ministre après avoir annoncé neuf nouveaux cas confirmés du Covid-19 portant à 25 le nombre total des personnes infectées dans le pays.
"C'est une grave erreur que d'exposer ses enfants au danger. Les enfants n'ont pas été envoyés à la maison pour des vacances mais pour être protégés", a ajouté le responsable kényan.
Il faut dire que malgré une directive du gouvernement la semaine dernière déconseillant les grands rassemblements, de nombreux fidèles se sont réunis dimanche dans différentes églises à travers le pays pour les services de culte.
En outre, le gouvernement avait aussi ordonné que les véhicules de transport public réduisent le nombre de passagers dans le but d'augmenter la distance entre eux. Cependant, cette directive a été largement ignorée par la plupart des bus et mini-bus, les sociétés de transport arguant que la directive était financièrement irréaliste.
"Tous les bus et minibus de transport public doivent respecter la directive émise vendredi concernant le nombre de passagers. Ceux qui ne suivront pas cette directive verront leur licence retirée", avait averti le ministre.
Lundi, le gouvernement kényan a décidé de suspendre tous les vols internationaux à compter de ce mercredi à minuit dans le cadre des nouvelles mesures préventives pour juguler la propagation du nouveau Coronavirus dans le pays.
"Aucun vol international n'entrera ou ne quittera le Kenya à partir de mercredi dans le cadre des nouvelles mesures préventives contre Covid-19", a souligné le ministre de la Santé, ajoutant que les Kényans établis à l'étranger doivent rester où qu'ils soient et observer les mesures préventives en vigueur dans les pays d'accueil.