La situation est, jusque là, maintrisée. Le personnel, tant médical que paramédical mais également de l’entretien, est mobilisé et suffisant ainsi que le matériel et médicaments tant que la cadence des arrivées est «normale».
Cependant, avertissent-ils, le non respect de l’état d’urgence sanitaire et les attroupements bravant les restrictions ou en vacant, sans la distanciation de rigueur et «gestes de barrière», à leur occupation ou à faire leurs emplettes ne feront que «de nouveaux malades parmi les inconscients et même, dans les cas plus sérieux, des intubés au sein de l’hôpital», une fois le virus ayant franchi sa phase d’incubation.
Pas trop de choix mais «à eux de décider», a estimé une infirmière anesthésiste exerçant dans le dit établissement hospitalier, résolue, comme tous les autres, à accomplir leur devoir tant qu’ils ne sont pas contaminés.
Il faut faire face à la réalité, conseille-t-elle, conjurant la responsabilité individuelle pour casser cette chaîne de propagation puisque le virus n’aura ainsi plus personne à infecter et disparaîtra. Des messages rassurant mais tout aussi alertant.
«La bataille contre la mort» sera longue, de plusieurs semaines s’il y a «prise de conscience du danger, sinon...».
«Psychologiquement, l’on s’y prépare» mais la contamination de ces «combattants» en ligne de front reste l’autre grande menace dans cette guerre contre cet ennemi invisible voguant sans limite autour de la Terre, a expliqué à la MAP cette blouse blanche ayant requis l’anonymat.
L’exemple de pays proches du sud de la Méditerranée, d’où ont été «importés» la quasi totalité des cas infectés au Maroc, est «des plus révélateur», notamment d’Italie qui a atteint, aux derniers chiffres des autorités sanitaires italiens mardi, le record de plus de 6.000 décès.
«Certes, en appeler au sens civique de tout chacun est primodial et vital, mais aussi plus d’indulgence avec le non respect des restrictions afin d’arrêter son expansion», a renchéri un de ses collègues.
Mais sans vraiment le déclarer, ils appréhendent le scénario pire d’afflux de malades, de plus en plus nombreux, et une structure hospitalière surchargée. Il faut à tout prix que tous s’y mettent pour casser la courbe de l’épidémie et l’empêcher d’être exponentielle, ont-ils acquiésé.
Dévoués dans cette «guerre», comme ils l’ont été lors de la propagation du virus de l'influenza "H1N1" en 2019, les membres du personnel soignant «cadenassent», dans leur for intérieur, cette hantise de ramener le virus à la maison tout en veillant à colporter, dans leur entourage et voisinage des fois apeurés à leur vue, les messages de prévention et d’apaisement dans l’autre lutte contre la phobie de contamination.
L’état d’urgence sanitaire est en vigueur depuis quelques jours et les consignes de confinement sont véhiculés à profusion et c’est pourquoi «nous prions, dans un appel pathétique les gens à ne point ignorer ces directives, à rester chez eux et à penser à nous qui font front contre l’épidémie».
«La discipline et la rigueur du confinement pour contrôler l’épidémie sont impératives. Nul est à l’abri de la contagion», martèle, dans une sommation directe, une autre collègue entre deux coups de téléphone, inhabituellement courts, pour rassurer sa famille.
Dans cet hôpital, qui connaît des travaux de réhabilitation lancés en 2019, les opérations chirurgicales, consultations et accouchements ont été transférés dans d’autres structures notamment à l’hôpital Baouafi (préfecture d’arrondissements Al Fida Mars Sultan) pour libérer de l’espace, des lits et le transformer en un pôle d’isolement pour les patients infectés du Coronavirus qui nécessitent un protocole de traitement plus lourd et une durée d’hospitalisation plus longue.
Cependant, le service des urgences, divisé en deux unités des urgences vertes et des urgences rouges (Corona), continuera a été maintenu au sein de l’hôpital.
Désormais outre les lits de la réanimation où sont déjà admis des patients infectés, le service de matérnité va permettre, grâce à ce changement, d’avoir 20 lits d’isolement dont 4 de soins intensifs, tout comme le service de pédiatrie qui sera transformé en isolement et sera le plus tôt possible opérationnel, a précisé à la MAP la directrice de l’hôpital le Dr Amina Fahham.