Ce qui au départ n’était qu’une proposition sur Facebook, devint réalité palpant pour Rasmus Hammerich, acteur de 45 ans ayant campé des rôles divers dans plusieurs productions au Danemark, et ailleurs.
Les nerfs chauffés à blanc par les temps/coronavirus qui courent (nul ne sait où ?), il s’en est fallu d’une invitation pour mettre la puce à l’oreille, le feu aux poudres. Et s’en est suivie une traînée !
"Mon compte Facebook s’est embrasé", a affirmé Hammerich en riant de cette initiative qui, au premier jour de son lancement depuis son domicile dans le quartier de Vesterbro à Copenhague, a drainé plus de 16.000 adhérents.
Désormais, son compte est une mosaïque qui pilule de followers, d’e-mojis et de commentaires auxquels il peine à répondre. L’initiative, elle, prend une ampleur nationale.
"Je pense que c'est une bonne idée pour tout le monde de reconnaître que nous sommes toujours là, que nous sommes dans le même bateau et que nous le faisons pour une raison", a-t-il soutenu.
Le message du départ était destiné à "applaudir et à faire du bruit pour le Danemark. Applaudissons ceux qui tiennent le système ensemble ! Applaudissons ceux qui sont assis seuls, afin qu'ils ne se sentent pas si seuls ! Courage, parce que nous sommes ensemble dans tout cela !"
Depuis, chaque soir, plusieurs quartiers dans les villes du Danemark sont sous l’emprise d’un tintamarre de musique, de chants, de danses, de lumières et de sons sur les balcons.
Hammerich a indiqué qu'il avait décidé de ne pas suivre l'exemple italien et espagnol et de demander aux gens de chanter une chanson particulière "parce que la tradition de chant au Danemark n'est pas si grande et je pensais que les gens seraient trop timides pour le faire".
"Certaines personnes n'aiment pas l'hymne national, d'autres le font, alors je dis si vous voulez chanter, alors chantez, mais je ne recommanderai aucune chanson", a-t-il dit.
Résultat des courses : un tintamarre bigarré de sons et de lumières, une tour de Babel qui, à sa manière, dit son appartenance à un pays, une nation, une Humanité, une et indivisible.
Cela se produit dans un pays ayant ordonné lundi soir la prolongation, jusqu’au 13 avril, des mesures restrictives pour contenir le Covid-19, y compris la fermeture des écoles, universités, restaurants, cafés, et grands magasins.
Une décision qui intervient alors que les autorités sanitaires ont fait état le même jour de 24 décès, en progression de 11 cas depuis la veille, sachant que, jusqu’ici, 1460 cas de contamination ont été confirmés, dont 254 sont hospitalisés, 55 se trouvent en soins intensifs et 47 sont placés sous respirateurs.
Au Danemark, pays basé sur les sacro-saints principes de la liberté et de la confiance, rares sont ceux qui s’interrogent sur le timing du 19h00 ? Il correspond, dit-on, à l’heure de l’annonce macabre des décès liés au coronavirus en Italie.
Dans l’entre-temps, l’Italie d’Antonio Gramsci compte ses morts, lui, qui, confiné dans ses "Cahiers de Prison", disait sur un ton prophétique que "la crise est le moment où l'ancien ordre du monde s'estompe et où le nouveau doit s'imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Cette phase de transition est justement marquée par de nombreuses erreurs et de nombreux tourments". La messe est dite?