Un laxisme qui a suscité des critiques de la part de l’opposition et d’une partie de la population de ce pays de près de 130 millions d’habitants, alors qu’il n’est guère épargné par la pandémie.
Du coup, un magistrat fédéral saisi par la société civile a ordonné au président Andrés Manuel López Obrador de prendre toutes les mesures préventives et les actions nécessaires pour détecter les personnes infectées par le coronavirus.
“Les autorités ne prennent pas les mesures sanitaires générales, efficaces et proportionnées au risque qu’affronte le pays”, a affirmé ce juge, qui a donné 24 heures aux autorités, dont le chef de l’Etat et le ministre de la Santé, pour informer la population des mesures qu’elles entendent prendre face à la pandémie.
Dans les quartiers de la ville de Mexico, la plupart des commerces et restaurants étaient ouverts en fin de semaine et les gens se précipitent vers les transports publics. Le contraste est saisissant par rapport aux pays voisins, comme les Etats Unis ou le Guatemala.
Pour l’instant, les mesures prises par les autorités sont basiques: la suspension des cours, des activités publiques et privées non essentielles, le télétravail est encouragé et une campagne sur les mesures d’hygiène a été lancée. Et les voyages à l’étranger sont déconseillés, mais les frontières restent ouvertes.
Certes, la situation évolue vite. L’une des dernières décisions en date est la fermeture de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour tous les voyages non essentiels.
Selon le gouvernement de Mexico, les inconvénients générés par des mesures contraignantes sont plus importants que les bénéfices qu’on peut en tirer, en tout cas au stade actuelle l’épidémie au Mexique.
Le directeur adjoint du département de la santé, Hugo López-Gatell, avait déclaré que le pays était toujours dans ce qui peut être considéré comme la phase 1 de la pandémie de Covid-19, affirmant que les personnes infectées par le coronavirus ne sont pour le moment que des personnes ayant voyagé à l’étranger.
Les dirigeants ne veulent pas prendre le risque d’être accusés de saboter l’économie. Ils veulent prendre des mesures progressives.
“Nous faisons ce qu’il faut (…) Et nous ne prenons rien à la légère”, se défend Mauricio Rodriguez, épidémiologiste et porte-parole de la Commission chargé du coronavirus à l’Université autonome du Mexique (UNAM).
“Chaque pays réagit en fonction de ses propres conditions (…) Certains autres, en particulier en Amérique latine, ont pris des mesures plus radicales adaptées à eux”, ajoute M. Rodriguez, qui est chargée de la stratégie gouvernementale contre le virus.
D’autres pays qui ont adopté une même attitude se trouvent aujourd’hui sous les feux des critiques. D’aucuns estiment que pour le Mexique, ce cap sera de plus en plus difficile à garder.