L'Espagne a enregistré jusqu'à présent 1.326 décès dus au coronavirus, une hausse de 32% en un jour, tandis que le nombre de cas de contamination a progressé de près de 25% depuis vendredi, passant de 19.980 à 24.926, selon les chiffres du ministère de la Santé, marquant une explosion ces deux derniers jours de morts et de cas confirmés, ce qui a poussé aussi bien le gouvernement que tous les professionnels de la santé, les acteurs économiques et sociaux du pays et les forces de sécurité à intensifier les mesures de prévention et à prendre à bras le corps la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus.
Bien que le pays ait été placé depuis samedi dernier en état d'alerte pour une période de quinze jours en vue de freiner l'expansion de l'épidémie, mettant ainsi les 46 millions d'Espagnols en confinement strict, en leur interdisant de quitter leur domicile sauf pour travailler, faire des courses alimentaires ou acheter des médicaments, le virus continue de se propager faisant de l'Espagne le deuxième pays le plus touché d'Europe après l'Italie, et le troisième dans le monde derrière la Chine et l'Italie, et devant l'Iran.
Outre les appels à la résistance et à la poursuite de l'application au quotidien des recommandations et des consignes des autorités espagnoles pour affronter "les jours difficiles et durs" qui ont fini par arriver, comme cela a été affirmé à maintes reprises par les responsables, le gouvernement a renforcé ses efforts pour essayer de limiter la propagation du virus, à travers des actions visant notamment à assurer la mise en oeuvre de l'état d'alerte dans tout le pays et à garantir le respect des mesures de confinement, avec l'implication des militaires aux côtés des agents de la police et de la Garde civile aux niveaux national, régional et local.
A cet effet, les forces de l'unité militaire d'urgence espagnole, déployées dans le cadre du soutien des efforts de l'Etat pour lutter contre le coronavirus, veillent à réaliser des travaux de désinfection des ports, aéroports, établissements publics et des centres de santé, et à contribuer à la mise en place d'hôpitaux et de centres d'accueil temporaires pour les personnes vulnérables et à l'octroi de l'aide aux malades.
L'exécutif central s'emploie également à empêcher l'effondrement du secteur de la santé dans le pays, qui constitue le pilier essentiel dans la lutte contre la propagation de l'épidémie, à travers la prise des mesures visant en particulier à renforcer les ressources humaines du secteur et à augmenter la capacité d'accueil des hôpitaux, tout en les dotant des équipements médicaux nécessaires.
Autres mesures pour faire face à l'explosion des cas : l'incorporation au système de santé publique de plus de 30.000 professionnels de la santé, dont 8.000 médecins internes résidents de quatrième et cinquième année de médecine et 11.000 professionnels infirmiers, et la mise à la disposition des autorités locales de tous les établissements de santé privés, à même de renforcer les capacités des régions et de leur permettre de mieux prendre en charge les patients atteints du coronavirus.
A cela s'ajoute la transformation de plusieurs hôtels de la région de Madrid en structures médicalisées, afin de traiter les cas les moins graves de coronavirus, qui ne nécessitent pas d'hospitalisation, le but étant d'alléger la pression dans les hôpitaux et d'y libérer des chambres.
Selon l'association hôtelière de Madrid, quelque 9.000 lits dans plus de 40 hôtels ont été mis à la disposition des autorités pour assister des patients atteints de coronavirus, notant que dans ces hôtels, les équipes médicales seront formées de licenciés en médecine n'ayant pas encore obtenu leurs diplômes d'études spécialisées.
Les autorités espagnoles, avec le soutien des unités de l'armée et de nombreux intervenants, poursuivent leurs efforts pour la mise en place d'autres hôpitaux et centres de santé temporaires, dotés d'unités de soins intensifs et d'équipements médicaux nécessaires, en vue d'assurer la prise en charge des malades du coronavirus et des personnes qui nécessitent des soins médicaux d'urgence.
Et pour accompagner ces efforts, le gouvernement régional de Madrid, la zone plus touchée du pays avec 8.921 cas de contamination confirmés et 804 décès, a annoncé le lancement d'une application permettant d'auto-évaluer son état de santé, afin d'éviter de recourir systématiquement aux centres téléphoniques débordés par les appels.
Ce dispositif, qui entend éviter la paralysie des lignes d'information de la région, permettra à tout un chacun d'indiquer ses symptômes (toux, fièvre, difficultés respiratoires, courbatures...), de les évaluer régulièrement et de recevoir en fonction du résultat les instructions et les recommandations adaptées à son cas.
Il vise aussi à permettre aux autorités de géolocaliser la personne si elle l'autorise, afin de mieux organiser les ressources pour apporter une réponse plus efficace à chaque cas particulier.
A travers toutes ces mesures, les autorités espagnoles aspirent à freiner la propagation du virus et à atteindre le pic de l'épidémie d'ici à quelques jours.
C'est ce qui a été affirmé par la ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération, Arancha Guzales Laya, qui a déclaré vendredi à la BBC que "l'exécutif oeuvre à limiter la tendance à la hausse des nouvelles infections, voire même l'inverser dans les prochains jours".
Reste que l'engagement ferme des citoyens dans la lutte contre le coronavirus constitue la pierre angulaire de l'action menée pour gagner la bataille contre cet ennemi de l'humanité.