Par Fatima Timjerdine.
L’avenir de la coalition gouvernementale au pouvoir en Allemagne a fait face, en 2019, à un test épineux après l'élection inattendue d'une nouvelle direction du Parti social-démocrate, qui avait exprimé à plusieurs reprises ses critiques à l'égard de la Coalition, ce qui menaçait sa cohésion.
Toutefois, les socio-démocrates ont décidé de ne pas se retirer immédiatement du gouvernement à condition de renégocier l'accord de coalition de 2018, donnant ainsi une deuxième vie à la coalition dirigée par la chancelière allemande Angela Merkel.
L'élection de Saskia Esken, députée de gauche au Parlement allemand "Bundestag" et de Norbert Walter-Borjans, ancien ministre des Finances à la Rhénanie du Nord-Westphalie, pour prendre conjointement les commandes du parti, et la défaite du tandem Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre des Finances allemand, et Clara Geywitz, l'ancienne députée du Brandebourg, qui soutiennent la coalition, a constitué une surprise désagréable pour Merkel, qui souhaite achever son dernier mandat jusqu'aux prochaines élections législatives de 2021.
Le nouveau duo de dirigeants envisage de suivre une approche claire de gauche pour tenter de reconquérir les électeurs après une série de chutes électorales et une baisse de popularité dans les sondages d'opinion.
"J'étais et je suis toujours sceptique quant à l'avenir de cette grande coalition, et ces dernières années, le Parti social-démocrate s’est incliné vers la grande coalition plus que vers sa tendance à être une force indépendante", a déclaré Saskia Iskin, la nouvelle dirigeante du parti, dans un discours prononcé à l’occasion du dernier Congrès général de cette formation politique.
La nouvelle présidente a ajouté, en outre, que son parti voulait donner à la coalition une "opportunité réaliste de continuer, ni plus, ni moins".
Le couple dirigeant tente de faire pression sur l'Union chrétienne-démocrate pour obtenir des concessions, appelant à ouvrir les voies du dialogue avec les conservateurs dans les prochains jours pour parvenir à un compromis sur la politique sociale, la protection du climat, l'augmentation des investissements et du salaire minimum.
Le coprésident, Norbert Walter-Borjans, a déclaré, pour sa part, que les socio-démocrates devraient élaborer des politiques dans l'intérêt des salariés à revenu faible et moyen, expliquant qu’"il y a des dispositions dans l'accord de coalition qui ne sont pas compatibles avec nos positions et doivent être modifiées".
Dans ce contexte, le Parti social-démocrate a adopté un programme de gauche lors de son Congrès général à Berlin, estimant que les décisions prises lors de la réunion, qui font de la politique socialiste le cheval de bataille du parti, constituent un tournant dans sa relation avec l'Union chrétienne-démocrate, son allié à la coalition.
Les socio-démocrates veulent imposer une taxe sur la richesse, renforcer de plus en plus la préservation de l’environnement en augmentant la tarification du carbone, et améliorer le budget consacré aux dépenses d'infrastructures.
« Les décisions prises en faveur de l'État socialiste et les fortes revendications d'investissements au niveau municipal montrent clairement la position du Parti social-démocrate», a déclaré Saskia Eskin en marge du Congrès.
Pour sa part, Norbert Walter-Borjans a réaffirmé, une fois de plus, sa volonté de renverser la table de la coalition au pouvoir en cas de l'impossibilité de mettre en œuvre les principales revendications du parti avec l'Union chrétienne-démocrate.
Les chrétiens-démocrates ont exprimé leur rejet de modifier l’accord de coalition, mais des discussions à ce sujet sont possibles, d'autant plus qu'Angela Merkel est déterminée à rester au pouvoir jusqu'à la fin du mandat législatif et est prête à faire des concessions.
Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre de la Défense qui a succédé à la chancelière allemande au parti, a fait part de son opposition à la révision de l'accord de coalition. "L'accord de coalition au pouvoir est valide et il ne sera pas certainement négocié à nouveau".
Kramp-Karrenbauer a critiqué la nouvelle direction du Parti social-démocrate, affirmant dans une interview au journal "Bild am Sonntag" que la tentative de la nouvelle direction de pousser le gouvernement plus vers la gauche est une manœuvre égoïste.
Le parti de centre-gauche pense plus à son avenir politique qu'à l'avenir de l'Allemagne, a-t-elle déploré.
Malgré la baisse des critiques adressées par la nouvelle direction du Parti social-démocrate à la coalition, l’avenir du gouvernement de Merkel reste incertain en attendant les résultats des pourparlers entre conservateurs et socialistes prévus dans les prochains jours.