Par Nabila Zourara.L'année 2019 a été marquée par des tensions politiques à Westminster en raison des divergences multiples vis à vis du dossier épineux du Brexit, mais c'est aussi l'année où l'histoire des relations maroco-britanniques s'est consolidée par un nouveau partenariat stratégique.
Si le Royaume Uni est déterminé à quitter l'Union européenne après la victoire du gouvernement conservateur aux dernières élections législatives avec une majorité écrasante, le Maroc a anticipé la phase de transition post-Brexit, en scellant un accord d'association à même de garantir la continuité des relations bilatérales et les échanges commerciaux entre les deux Royaumes.
Conclu le 26 octobre à Londres par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita et le Secrétaire d'Etat britannique, auprès du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, chargé du Développement international et de la région MENA, Andrew Murrison, cet accord vient restituer dans le contexte des relations bilatérales, l'ensemble des avantages que le Maroc et le Royaume Uni s'accordent mutuellement dans le cadre de l'accord d'association Maroc-Union européenne.
Ce dernier, signé le 26 février 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, portait sur l'élimination des droits de douane sur les produits industriels entre le Maroc et l'Union européenne de manière progressive sur environ une décennie.
En signant le nouvel accord d'Association, le Maroc et le Royaume Uni anticipent toute éventualité de perturbations qui pourraient affecter leur échanges dans la période transitoire qui succédera à la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, attendue le 31 janvier 2020, si le parlement britannique finit par approuver le Brexit.
Avec la signature de ce partenariat stratégique, qui entrera en vigueur une fois que les accords UE-Maroc cesseront de s'appliquer pour le Royaume-Uni, les échanges entre les deux pays se poursuivront de manière normale et continue, accordant ainsi la visibilité et les assurances nécessaires aux opérateurs économiques des deux pays.
S'inscrivant dans la politique visionnaire du Royaume visant à diversifier ses partenariats et à renforcer son rôle pionnier de trait d'union entre l'Europe et l'Afrique, cet accord reflète par ailleurs l'évolution positive des relations entre les deux Royaumes.
Outre cet Accord cadre d'Association, les deux parties ont procédé à la signature de trois instruments juridiques, à savoir la déclaration politique entre le Maroc et le Royaume Uni et deux accords sous forme d'échange de lettres, portant, d'une part, sur un mécanisme de règlement des différends et, d'autre part, sur un accord mutuel sur l'accès au marché britannique de l'ensemble des produits issus, notamment de la région du Sahara marocain.
S'il est vrai que les trois instruments juridiques sont signés dans la perspective d'une sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, "il n'en demeure pas moins qu'ils ne préjugent en rien du débat national interne au Royaume Uni concernant le Brexit. Leur entrée en vigueur est prévue après la sortie officielle du Royaume Uni de l'Union européenne", avait précisé à cet effet M. Bourita.
En revanche, ces instruments permettent de circonscrire l'impact du Brexit, notamment sur les relations économiques et commerciales entre les deux pays, et de transformer ce défi en véritable opportunité pour le développement continu des relations bilatérales.
La transposition au niveau bilatéral de l’Accord d'association, "est un moyen de préserver l'ensemble des acquis, politique, juridique, économique, sectoriel et territorial, obtenus dans le cadre des relations stratégiques entre le Maroc et l’Union Européenne", avait souligné le ministre à l'issue de la signature.
“Avec cet accord, la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne ne créera aucune rupture dans la relation bilatérale entre le Royaume Uni et le Maroc. L'accord assure une transition harmonieuse, qui maintient la fluidité des échanges et garantit leur sécurité, tandis que l’échange de lettres sur le mécanisme de règlement des différends peut être conçu comme un mécanisme de prévention”, avait-il ajouté.
Le deuxième échange de lettres permet aux produits issus de toutes les régions du Maroc, y compris des provinces du sud, d'accéder, aux mêmes conditions et sans discrimination aucune, au marché britannique.
“Il ne s'agit pas d'un simple accord commercial” ce texte souligne également"l'importance des relations politiques entre les deux pays", avait commenté pour sa part l'ambassadeur du Royaume Uni au Maroc, Thomas Reilly.
Les Royaumes du Maroc et de Grande-Bretagne partagent plus de 800 ans de relations fructueuses, qui demeurent en constante évolution et qui se sont consolidées, notamment par les deux rounds de dialogue stratégique ayant insufflé une dynamique nouvelle aux relations bilatérales, comme l'illustre les échanges de visites de responsables de haut niveau au cours de l'année 2019.
La première session de ce dialogue, avait été lancée en juillet 2018 à Londres, avec la signature d'un accord sous forme d'échange de lettres.
La 2-ème session du dialogue stratégique maroco-britannique a eu lieu en septembre dernier à Rabat.
Initié annuellement et alternativement dans chacun des deux pays, ce dialogue se veut un espace de concertation pour donner les directives stratégiques de coopération entre les deux pays et discuter autour de questions prioritaires, notamment, politiques, bilatérales et régionales, sécuritaires, économiques et commerciales.
Il s'appuie notamment sur quatre thématiques principales, à savoir la "politique, la sécurité, l'économie et le commerce" et "la culture, l'éducation et la jeunesse", et ce dans le cadre du respect mutuel, de l'amitié et la coopération étroite qui caractérise les relations entre les deux Royaumes.