Par Nabila Zourara.
2019 tire à sa fin laissant dans la mémoire des Britanniques un flux de chamboulements ayant marqué la scène politique avec des rebondissements inédits dans le processus de sortie du pays de l'Union européenne.
Milieux économiques, citoyen lambda, députés et dirigeants politiques ont tous exprimé leur lassitude de ce long processus sans issue qui a plongé le pays dans le flou depuis que 17,4 millions de Britanniques (51,9 % des suffrages) ont voté en faveur d'une sortie de l'UE.
D'un revers à l'autre, l'ex-dirigeante conservatrice Theresa May a fini par jeter l'éponge, suite aux rejets récurrents et successifs au parlement de son accord sur le Brexit négocié avec les dirigeants européens après plus de deux ans de tractations.
Le processus difficile conduit au Westminster a profondément affecté la réputation mais aussi la structure des principaux partis politiques, dont certains vivent de véritables crises internes, notamment après les démissions en cascade de leurs députés.
Face à la situation de blocage résultant des divergences continues vis à vis du Brexit, il ne restait devant le parlement, le gouvernement et l'opposition qu'un scénario ultime : convoquer de nouvelles élections législatives.
Bien que ces élections-les troisièmes en quatre ans- soient convoquées dans le but de renouveler le Parlement dans l'espoir qu'une majorité se dégage afin de pouvoir, enfin, mettre en oeuvre le Brexit, elles ont aussi mis en lumière les différentes questions préoccupant le pays.
Dans leur campagne, les deux grands partis politiques, à savoir les conservateurs (Tories) et les travaillistes (Labour) ont mené une course effrénée pour convaincre des électeurs exacerbés par l'incertitude liée au Brexit, de leurs projets électoraux. Alors que le parti conservateur promettait un "cadeau de Noël anticipé" aux Britanniques, le Labour menait une campagne "très à gauche", marquée par des annonces "onéreuses", selon la presse britannique.
Le parti des Tories a lui aussi promis des allègements fiscaux évalués à un milliard de livres sterling par an, tout en revenant sur sa promesse de baisser l'impôt sur les sociétés, avec l'intention d'injecter des milliards de livres pour renforcer les services publics, y compris le système national de santé britannique (NHS), les écoles et les réseaux ferroviaires, tandis que les travaillistes promettaient une baisse des taxes immobilières pour les entreprises et un réseau internet haut débit gratuit à tous les ménages et entreprises britanniques.
Enfin et pour marquer la fin de la campagne, le Premier ministre britannique Boris Johnson et son rival de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn se sont affrontés pour la première fois dans un débat télévisé sur le Brexit.
Selon un sondage instantané de l'institut YouGov, 52% des Britanniques pensaient que M. Johnson a bien défendu son programme alors que 48% ont apprécié les arguments de Jeremy Corbyn.
Mis à part le Brexit, le débat télévisé entre les deux leaders politiques a été l'occasion de croiser leurs positions vis à vis des principaux sujets qui préoccupent l'opinion publique, à savoir la réforme du NHS, un héritage cher aux Britanniques, la sécurité des citoyens et les manifestations d'antisémitisme et d'islamophobie au sein des deux partis.
Si les législatives du 12 décembre ont été convoquées pour résoudre l'impasse du Brexit, le prochain gouvernement britannique fera certes face à plusieurs défis de taille. En plus de la réforme du NHS qui enflamme les débats de campagne, la nouvelle équipe devrait faire face au phénomène des attaques à l'arme blanche en vente libre sur Internet ou dans les commerces.
La deuxième question préoccupante est la réforme du NHS, source de fierté des Britanniques qui est en plein effondrement à cause des nombreuses années d'austérité. Ce service de santé publique, qui fournit depuis plus de 70 ans des soins gratuits pour tous, est affaibli en raison du manque d'effectif, de la vétusté de ses établissements et de la réduction de milliers de lits d'hôpitaux, au cours des dix ans de gouvernance des conservateurs.
L'autre défi de taille est celui de rassurer les milieux économiques dans le contexte de la sortie de l'UE, mais aussi d'assurer une sortie douce de l'Union européenne avec toutes les mesures de transition que cela implique.
Le prochain gouvernement serait en outre amené à consolider l'union du Royaume Uni, menacée par les appels à l'indépendance de l'Ecosse de la part de son gouvernement europhile, mais aussi par la question du maintien de la frontière ouverte entre la province britannique d'Irlande du Nord, et la République d'Irlande, membre de l'UE.
Conforté par une majorité au Parlement après les élections du 12 décembre, le premier ministre britannique Boris Johnson a promis que le vote de sortie de l'UE le 31 janvier sera entériné avant Noel.
Les conservateurs ont remporté 365 sièges sur les 650 que contient le parlement, avec 43,6 % des suffrages.
Le parti travailliste a perdu 59 sièges, ne gardant plus que 203 députés. Les libéraux-démocrates, contre le Brexit, ont aussi perdu du terrain.