Cette causerie a été animée par le ministre des Habous et des affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq sur le thème "Les constantes religieuses du Royaume du Maroc et leur enracinement dans l'action des prédécesseurs vertueux", à la lumière du verset coranique: "Allah a promis à ceux d'entre vous qui ont cru et fait les bonnes oeuvres qu'Il leur donnerait la succession sur terre comme Il l'a donnée à ceux qui les ont précédés. Il donnerait force et suprématie à leur religion qu'Il a agréée pour eux. Il leur changerait leur ancienne peur en sécurité".
Le conférencier a entamé sa causerie en définissant les trois mots clés de l'intitulé, soulignant que le mot "constantes" renvoie au cadre référentiel qui régit la pratique de la religion par la communauté et qui servent de repère dans l'effort de l'Ijtihad. Ces constantes sont religieuses dans ce sens qu'elles ne se limitent pas à la relation cultuelle entre le croyant et Dieu, mais reflètent le cadre pour la pratique de la religion dans son sens le plus large.
Pour ce qui est de la notion des "prédécesseurs vertueux", elle s'applique aux générations du premier au quatrième siècles de l'Hégire qui ont élaboré les fondements de l'effort d'interprétation sur la base du Livre Saint et de la Sounna immaculée du Prophète.
M. Toufiq a indiqué, dans le premier volet de sa conférence sur les fondements de ces constantes dès l'aube de la religion, que celles-ci consistent en l'institution de Imarate Al Mouminine, la doctrine malékite dans l'élaboration du Fiqh, la voie d'Al Jounaid en matière de Soufisme et la doctrine Achaarite concernant les questions doctrinales.
Le conférencier a précisé que l'Institution de Imarate Al Mouminine est la plus importante de ces constantes car, c'est elle qui encadre les deux volets de la religion, à savoir la foi et l'action, revenant sur l'historique de cette institution qui, après la mort du prophète, s'est avérée la voie la plus judicieuse pour gérer les affaires de la Oumma, en portant à sa tête un commandeur qui veille à la bonne marche de ses affaires sur la base de la concertation "Achoura" et de la "Baia" (Allégeance).
Concernant la doctrine malékite dans l'élaboration du Fikh, le conférencier a souligné que le Fikh est né de la nécessité de mettre en oeuvre les préceptes contenus dans le Coran et la Sounna et, le cas échéant, de faire acte de l'Ijtihad et de raisonnement en cas d'absence de texte ou de parole prophétique. C'est ainsi que sont apparues les écoles du Fikh qui ont ceci de commun d'en référer au Saint Coran et à la Sounna, et ne divergent que par les instruments et procédés utilisés pour appréhender les textes et les contextualiser selon les contingences propres à chaque pays.
Dans ce contexte, l'Imam Malik avait une place distinguée en ce sens qu'il était connu pour sa dévotion et son profond savoir et pour avoir développé une méthodologie empreinte de globalité, d'ouverture et d'équilibre.
Quant à la troisième constante (le soufisme tel que prôné par l'Imam Al Jounaid), elle se rapporte à l'impératif de concilier entre la pratique d'une adoration sincère de Dieu et l'harmonie entre l'apparent et le non-visible, a dit le conférencier, ajoutant que cet Imam réunissait les qualités de science et de dévotion et avait pour crédo "pas de vérité sans la Chariaa".
Pour ce qui est de l'école Achaarite concernant les questions doctrinales, il a indiqué qu'elle est née du besoin de réfuter les objections soulevées par les rhétoriciens des autres écoles comme les Kharijites et les Moatazilites, ce qui a rendu nécessaire une clarification des concepts se rapportant à la compréhension du texte coranique.
Abordant le volet relatif au choix par des Marocains de leurs constantes et leur interaction avec leur histoire, le conférencier a indiqué que l'Institution de Imarat Al Mouminine procédait du choix des Marocains en confiant leur destinée, à la fin du 2ème siècle de l'Hégire à Moulay Idriss Premier, partant de leur attachement à la descendance du prophète, de façon à créer une harmonie dans la conscience de la communauté entre le politique et le religieux, surtout au regard du contexte de l'époque marqué par une forte rivalité sur la légitimité de l'autorité légale dans le Machreq, avec toutes ses répercussions sur le Maghreb. Cette unanimité sur l'autorité de Imarat Al Mouminie s'est faite en concomitance avec l'adhésion au rite Malékite, a poursuivi le conférencier.
Il a de même indiqué que dans le choix de leurs constantes, les Marocains ont adopté la voie du soufisme prônée par Al Jounaid qui est plus conforme à la Sounna et répond aux disponibilités humaines du croyant vers la miséricorde, l'amour, l'endurance et la compassion.
Les Marocains ont de même trouvé plus conforme à leur pratique saine de la religion et à leur salut la doctrine de l'Imam Al Achaari qui se distingue par la clarté de ses concepts et la pertinence de ses réponses aux détracteurs de l'islam.
Le conférencier a enfin abordé le volet relatif à la place des constances dans les questions de l'heure, soulignant que les nouveaux questionnements posés du fait du contact avec le modèle occidental ont donné lieu à des approches très divergentes sur la manière de mettre notre système organisationnel en phase avec son époque. Il a relevé que le débat sur la légitimité et la justice en termes politiques a trouvé au Maroc des réponses adéquates à travers des mécanismes institutionnels pertinents dans un processus de gestion évolutif.
Dans cette dynamique, a indiqué le conférencier, et grâce aux orientations de SM le Roi, les constantes du Royaume s'intègrent dans un cadre institutionnel qui a franchi d'importantes étapes, et ce à la faveur de l'élaboration de normes juridiques et légales intéressant le champ religieux telle que la nouvelle Constitution en donne la mesure.
Au terme de cette causerie, SM le Roi a été salué par Cheikh Abdallah Ben Biya, professeur à l'université Roi Abdelaziz à Jeddah, alem mauritanien résidant en Arabie Saoudite, Cheikhna Oueld Abdallah Ben Biya, directeur du Centre mondial pour le renouveau islamique de Grande Bretagne (Arabie Saoudite), Ibrahim Mahmoud Joub, secrétaire général de la Ligue des Ouléma du Maroc et du Sénégal (Sénégal), Abdelhakim Al-Aniss, chercheur en chef au département des affaires islamiques et de l'action caritative à Dubaï, Saif Ben Rachid Al jabiri, directeur des recherches (Emirats).
Le Souverain a été également salué par Mohamed Al-Amine Oueld Baddi, un des grands érudits de Mauritanie, Mohamed Al Ghazali Jakni, moufti de la République guinéenne, Mohamed Ahmad Chafaï, président de l'association nigérienne de la Fraternité islamique, premier vice-président du Conseil islamique (Niger), Mohamed Hachem Al Hakim, directeur de l'Organisation internationale de la foi pour le changement et conseiller du programme des Nations unies de lutte contre le sida, le professeur universitaire Mahmoud Khalaf Jarade Issaoui, Imam et Khatib de la mosquée Cheikh Abdelkader Al Kilani à Bagdad (Irak), Malek Abderrahmane Rawit, président de la Jamâa islamique (Espagne), Ahmed Bermikho, directeur de la mosquée de Grenade, Abdellah Ben Idriss Aboubakr Miga, doyen de la faculté de la Charia (université islamique de Say au Niger).
Par la même occasion, SM le Roi a été salué par l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Rabat, M. Mohamed Ben Abderrahmane Al Bichr, qui a remis au Souverain un message du Serviteur des deux Lieux saints de l'Islam, le Roi Abdallah Ibn Abdelaziz Al Saoud.